Chaque jour un peu plus, une Amérique s’en va, celle à laquelle on s’était habitué en Europe. Notre Amérique pratiquait l’Etat de droit à l’intérieur et, à l’extérieur, elle avait inventé en 1945 « l’ordre libéral international ». Elle y était infidèle, elle ne respectait pas ses propres règles, mais, tout de même, cela lui avait plutôt réussi et à nous aussi. C’est fini. Donald Trump n’en veut plus. Il démolit, il casse, il dit que le « système » ne profite plus aux Américains, ni à la maison ni à l’étranger. Une autre Amérique arrive – dure aux faibles.
A domicile, Trump tord le cou aux normes et coutumes de la démocratie américaine. Il viole la mécanique voulue par les Pères fondateurs, celle d’un présidentialisme tempéré par les contre-pouvoirs que sont le Congrès et le judiciaire – l’ensemble formant aux Etats-Unis ce qu’on appelle « le gouvernement ».
Le républicain mène le pays sur la voie de la démocratie « illibérale ». On connaît la recette : le vainqueur des élections devient propriétaire de l’Etat. La justice, la police, la fonction publique, l’armée, l’université, tout lui appartient et tout doit se soumettre. Entre le chef et « son » peuple, foin des médiations institutionnelles.
Trump étend les pouvoirs de la présidence au-delà de ce qu’aucun autre de ses prédécesseurs n’avait jamais osé. Il s’attache à démanteler l’administration fédérale. A coups d’intimidations et de mensonges, la besogne est assurée par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk. Celui-ci opère en dehors de tout mandat, au sein d’une structure extérieure à l’administration, formée par Trump et n’ayant de comptes à rendre à personne d’autre. Les petits « hackeurs » de Musk ont obtenu les codes de paiement du Trésor américain et disposent des dossiers personnels de millions d’employés fédéraux. Pour en faire quoi ?
Présidentialisme conquérant
Dans ce type de régime, il faut réécrire ou enterrer le passé. Au département de la justice et au FBI (la police fédérale), on soumet à un test de loyauté les procureurs et les inspecteurs qui ont enquêté sur les responsabilités de Trump dans l’assaut contre le Congrès, le 6 janvier 2021 !
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