« L’Amérique en guerre », sur Arte : une jeune nation au comportement belliqueux

ARTE – MARDI 11 MARS À 21 HEURES – DOCUMENTAIRE

Faire du Canada le 51^e Etat des Etats-Unis ? Donald Trump n’est pas le premier à y avoir pensé. Les pères fondateurs en ont rêvé : « La première Constitution américaine prévoyait même l’adhésion automatique du Canada en tant que 15^e Etat de l’Union… », précise le journaliste et réalisateur Pierre Haski, dans son documentaire L’Amérique en guerre. Son film regorge de remises en perspective de ce style, qui apportent un éclairage historique passionnant sur le comportement belliqueux de la première puissance militaire au monde.

Maoïste dans sa jeunesse, passé par l’AFP et Libération (1981-2000), l’actuel chroniqueur géopolitique de France Inter et éditorialiste au Nouvel Obs a opté pour un déroulé thématique – plus dynamique que le suivi chronologique – pour répondre à la question : « L’Amérique est-elle prête à continuer à être le gendarme du monde ? ». Même si la réponse laisse peu de doutes.

Concrètement, un survol du Pentagone, qui abrite le quartier général du département de la défense américain près de Washington, permet ainsi de faire un inventaire des effectifs ; parallèlement, sa forme caractéristique renvoie à la manière dont les Etats-Unis ont su « imposer dans les esprits leur puissance militaire », d’Hollywood à l’hymne national. Et ce, jusqu’à la guerre du Vietnam, qui marque un point de bascule. Dès lors, les guerres menées par les Etats-Unis ne sont plus vues comme « justes ».

Autre exemple, l’assaut du Capitole à Washington, le 6 janvier 2021, par des partisans de Donald Trump qui refusent le résultat des urnes, ramène au 1^er juillet 1863, à la bataille de Gettysburg (51 000 victimes au total, dont 23 000 morts dans chaque camp), tournant de la guerre de Sécession. En illustrations – outre les habituels graphiques et archives –, de nombreuses scènes de reconstitution de batailles, dont les Américains sont friands.

800 bases militaires

Pour étayer ces récits, une trentaine de spécialistes internationaux, historiens, militaires, politiques témoignent, tels Dominique de Villepin et John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis.

Impossible ici de développer tous les points abordés, depuis le rôle décisif du général La Fayette dans l’indépendance des Etats-Unis, jusqu’aux risques que les récentes déclarations de Donald Trump font peser sur Manille et Taïwan. Parmi les plus éclairants peut-être : l’implantation stratégique des 800 bases militaires américaines actuelles sur l’ensemble de la planète ; l’origine de l’inscription dans la Constitution du deuxième amendement (qui autorise le port d’armes) ; le sens de la référence par Donald Trump au président McKinley (de 1897 à 1901) ; l’échec à trouver une issue viable au conflit entre les deux Corées ; ou encore l’origine de la guerre du Mexique, qui entache le mythe de la bataille de Fort Alamo, en 1836.

On comprend alors mieux que, le 24 février 2022, lorsque Poutine ordonne l’invasion de l’Ukraine, les Etats-Unis ne s’engagent pas. Contacté le 5 mars, Pierre Haski précise au Monde : « Pour l’instant, l’administration Trump n’a pas remis en cause la présence des troupes américaines dans le monde. Elle a même confirmé à la Pologne qu’elle y resterait, et il n’y a aucun risque pour celles du Japon et de Corée du Sud, qui sont dirigées contre la Chine. Le positionnement diplomatique change, mais pas encore la posture militaire. Il n’y a rien à changer au film pour l’heure. » Pour l’heure…