Dans l’enceinte de l’ancien aéroport de Tempelhof, à Berlin, un vieil avion à hélices commémore un moment crucial de l’histoire allemande. Il évoque le pont aérien (1948-1949), onze mois pendant lesquels des avions américains de ce type ont ravitaillé l’enclave de Berlin-Ouest, dont les voies de communication étaient bloquées par les Soviétiques. Ces machines ont été surnommées affectueusement Rosinenbomber (« Bombardiers à raisins secs ») par les Berlinois, car ils ont largué au-dessus de la ville des milliers de friandises pour les enfants, jusqu’à la levée du blocus. Pour beaucoup d’Allemands, ces avions sont un symbole d’amitié et de liberté garantie par les Etats-Unis, contre la dictature.
Les anciens ont-ils repensé à cet événement émouvant en entendant le discours de J. D. Vance, à la Conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février, neuf jours avant les élections législatives où le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 20 % des voix ? En quelques phrases, le vice-président américain a foulé aux pieds un des piliers fondateurs de la République fédérale allemande : la relation transatlantique.
« La menace qui m’inquiète le plus concernant l’Europe n’est pas la Russie, pas la Chine, pas un acteur extérieur. C’est la menace de l’intérieur », a-t-il déclaré, avant d’accuser l’Europe d’avoir renoncé aux valeurs de liberté d’expression et de démocratie, et d’appeler à abandonner tout cordon sanitaire contre les formations d’extrême droite. A Munich, il a rencontré non pas le chancelier, Olaf Scholz, mais la présidente de l’AfD, Alice Weidel, qui avait déjà été adoubée en janvier par le milliardaire conseiller de Donald Trump, Elon Musk. L’attaque violente du président américain contre son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, mercredi 19 février, a consommé la rupture.
Il vous reste 69.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.