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L’ampleur de la délégation et la date même de la visite avaient été gardées secrètes jusqu’au dernier moment, signe de son caractère délicat. Vendredi 19 juillet, le chancelier (social-démocrate) allemand, Olaf Scholz, a effectué un déplacement hautement stratégique à Belgrade, en Serbie, pour assister à la signature d’un « mémorandum sur les matières premières critiques » entre l’Union européenne (UE) et ce pays des Balkans. Objectif : relancer un important projet de mine de lithium crucial pour l’industrie automobile germanique, mais fortement contesté par la population locale.

Exploré par Rio Tinto, le filon de « Jadar » − du nom de la rivière située dans l’ouest du pays, au bord de laquelle sera extrait le lithium − doit, à terme, produire 58 000 tonnes par an de ce minerai capital pour la conception des batteries. De quoi fournir la production de 1,1 million de véhicules électriques, soit 17 % de toute celle de l’Europe, selon les calculs du géant minier anglo-australien. Un projet « au potentiel considérable, qui est une chance pour la Serbie », a ainsi plaidé M. Scholz, qui se trouvait dans la capitale serbe en compagnie de Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne, d’Ola Källenius, patron de Mercedes, ainsi que d’un représentant de Stellantis.

Même si le chancelier allemand a joué de la fibre européenne, il s’agissait avant tout de promouvoir une mine essentielle pour l’industrie automobile allemande, qui cherche à s’extraire de sa dépendance actuelle presque totale à la Chine en ce qui concerne ses approvisionnements en batterie. Pour Berlin, le gisement de Jadar présente de nombreux avantages, notamment sa proximité géographique (il se trouve à quelques centaines de kilomètres seulement de ses usines automobiles) et son installation dans un pays candidat à l’adhésion à l’UE.

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Cependant, il soulève l’hostilité de l’opinion publique serbe, inquiète de la réputation environnementale déplorable de Rio Tinto et des risques de pollution de l’eau par les déchets d’extraction. Vendredi, des détracteurs ont ainsi de nouveau protesté devant le Centre des congrès de Belgrade, où M. Scholz était reçu par le président, Aleksandar Vucic. Ils ont dénoncé un projet « colonialiste », avec des accents nationalistes et anti-occidentaux propres à ce pays traversé par un fort courant prorusse.

« Normes de protection de l’environnement »

Face à l’ampleur des préoccupations et au mouvement anti-Rio Tinto qui avait secoué le pays fin 2021, M. Vucic avait officiellement annoncé, début 2022, « la fin » du projet de mine. Mais si les permis d’exploration avaient alors bien été suspendus, en coulisse, le projet n’a en réalité jamais été totalement abandonné. Rio Tinto a ainsi continué d’acquérir des terres dans la région de Loznica, qui accueillera la mine. Après avoir largement remporté les scrutins législatifs et locaux ces derniers mois, M. Vucic a subitement décidé, en juin, d’annoncer la relance du projet, avec un objectif d’ouverture « en 2028 ».

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