L’Algérie a exprimé, samedi 12 avril dans la soirée, « sa vive protestation » après le placement en détention en France d’un de ses agents consulaires, soupçonné d’implication dans l’enlèvement fin avril 2024 sur le sol français de l’influenceur algérien Amir Boukhors.
« Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », a affirmé le ministère des affaires étrangères algérien dans un communiqué, promettant de ne pas « laisser cette situation sans conséquences ».
Trois hommes, dont l’un travaille dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen, vendredi à Paris, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, dit Amir DZ, un opposant au pouvoir algérien en place. Ils sont poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste, a précisé, samedi, le Parquet national antiterroriste (PNAT).
Amir Boukhors est installé en France depuis 2016, dont l’Algérie réclamait le retour pour le juger. Il a obtenu l’asile politique en 2023.
« Tournant judiciaire inédit »
Le ministère algérien a dit avoir reçu l’ambassadeur de France pour « exprimer la vive protestation » d’Alger. Sur « la forme », l’Algérie a rappelé que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique ». Sur « le fond », Alger dénonce « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’intérieur français, estimant que cette « cabale judiciaire inadmissible » repose « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène » Amir Boukhors.
« Ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard », a assuré le ministère. Il se produit « à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d’Etat », a-t-il estimé, en exigeant la libération « immédiate » de l’agent.
De vives tensions ont affecté pendant huit mois les relations entre l’Algérie et la France, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé, fin juillet, de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger. Elles se sont encore aggravées avec l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Ces tensions se sont néanmoins un peu apaisées ces derniers jours, à la faveur notamment d’un appel, le 31 mars, entre Emmanuel Macron et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, ayant acté la reprise du dialogue bilatéral.