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Quelque 3,7 millions d’électeurs albanais sont appelés aux urnes pour départager le premier ministre Edi Rama et une opposition menée par Sali Berisha, aussi large que déterminée à le faire chuter, dimanche 11 mai, lors d’un scrutin jugé crucial pour les rêves européens de ce petit pays de la péninsule balkanique. Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), et doivent fermer à 19 heures.

Edi Rama, 60 ans et leader du Parti socialiste depuis 2005, brigue un quatrième mandat de suite de premier ministre, ce qui serait inédit. Ancien leader étudiant opposé au régime communiste qui domina le pays pendant plus de quatre décennies, ex-maire de Tirana et ex-ministre de la culture, M. Rama est devenu chef du gouvernement en 2013. Sa carte majeure : la promesse d’intégrer l’Union européenne (UE) « d’ici à 2030 ».

L’opposition l’accuse régulièrement d’entretenir des liens avec le crime organisé. Lui se dit prêt à se « retirer de la vie politique si quiconque arrive à établir des liens avec la corruption ou les milieux criminels ».

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Sali Berisha, âgé de 80 ans, est une figure de la droite. Il fut le premier président non communiste d’Albanie (1992-1997), et s’est allié avec plus d’une vingtaine d’autres partis espérant parvenir ensemble à chasser Edi Rama du pouvoir. Il promet, à l’instar du président américain Donald Trump, la « Great Albania », programme qui repose sur la relance économique, et il s’est assuré pour sa campagne les services d’un consultant américain du Parti républicain, Chris LaCivita.

Déclaré persona non grata aux Etats-Unis et au Royaume-Uni en raison de son implication présumée dans le crime organisé et la corruption, Sali Berisha est aussi poursuivi en Albanie pour « corruption passive d’un haut fonctionnaire ».

Les deux grands partis ont fait campagne sur l’économie : retraites, salaire, infrastructure ou encore tourisme, atout du pays bordé à l’ouest par l’Adriatique. Pour emporter la victoire et se hisser au pouvoir pour les quatre prochaines années, il faut la majorité des 140 sièges de la Kuvendi, l’Assemblée.

Une campagne acrimonieuse

Depuis la chute des régimes communistes (fin 1988-début 1990), les résultats sont systématiquement contestés par les perdants et donnent lieu à des allégations de fraude.

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Plus de 2 000 observateurs étrangers et albanais sont déployés, et la communauté internationale en particulier scrute de près ces élections aux allures de test du bon fonctionnement d’institutions fragiles après une campagne acrimonieuse. La vie politique albanaise est souvent marquée par l’outrance verbale et la rhétorique incendiaire.

Un processus sans anicroche est d’autant plus important que le pays, de loin le plus europhile de la région, a attendu treize ans entre l’octroi de son statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne et l’ouverture des négociations, en juillet 2022.

Un défi s’ajoute dimanche, avec, pour la première fois, le vote de la diaspora établie à l’étranger. L’Albanie, où les salaires sont bas, connaît, comme ailleurs dans les Balkans, l’exode de ses habitants à la recherche d’opportunités, en particulier des jeunes et des plus éduqués vers des pays comme l’Allemagne ou l’Italie. Selon les données officielles de la commission électorale centrale (CEC), près de 246 000 Albanais résidant hors du pays sont inscrits sur les listes électorales.

Leurs bulletins, acheminés par le transporteur international DHL Group, avec qui les autorités ont signé un contrat, doivent être renvoyés au bureau de vote de leurs villes de naissance. En début de semaine, la CEC avait évoqué du retard par endroits et la presse nationale, des erreurs d’adresse dans l’acheminement de plis électoraux.

Selon la commission électorale, les premiers scores des partis seront publiés dans les deux jours suivants le scrutin. Soit juste avant un sommet, le 16 mai à Tirana, de la Communauté politique européenne – une structure mise sur pied en 2022 par les Vingt-Sept et qui compte 47 pays européens membres et non membres de l’Union européenne – pour discuter notamment sécurité et croissance.

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Le Monde avec AFP

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