Lever les contraintes du métier d’agriculteur est une urgence, car les agriculteurs vont mal : leur taux de suicide surpasse de 43 % celui du reste de la population. C’est aussi le nom d’une proposition de loi, votée au Sénat, le 28 janvier, et examinée prochainement à l’Assemblée nationale. Mais la solution présentée, qui revient sur des interdictions d’utilisation de pesticides dangereux, est simplement ridicule. L’acétamipride, par exemple, est un néonicotinoïde neurotoxique, cancérigène et source d’infertilité masculine : ignorer les méfaits des pesticides ne condamne pas seulement l’avenir mais aussi des agriculteurs.
Les chiffres sont féroces : dans la cohorte Agrican (180 000 agriculteurs étudiés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la Mutualité sociale agricole), les agriculteurs présentent des risques accrus de 47 % de lymphomes plasmocytaires et 25 % de myélomes par rapport à la population générale. De la même manière, selon Santé publique France, l’incidence de la maladie de Parkinson est de 13 % plus élevée chez les agriculteurs que chez les autres actifs de plus de 55 ans. Voilà la vraie contrainte du métier d’agriculteur ! D’ailleurs, selon un sondage d’octobre 2024 (Elabe et Veolia), 74 % d’entre eux considèrent que les normes environnementales sont utiles – même s’ils les estiment mal adaptées aux réalités de leur métier, nous y reviendrons.
Dans ce contexte, nous ne pouvons plus ignorer les alternatives offertes par l’agroécologie, cette science et ces pratiques qui mobilisent l’écologie scientifique dans l’agriculture et permettent ainsi de limiter les atteintes à la santé. Plutôt que de recourir aux pesticides, l’agroécologie promeut par exemple la lutte biologique pour prévenir les maladies végétales, en introduisant des prédateurs des parasites ou des pièges utilisant les molécules d’attraction sexuelle des insectes. Au-delà de ces techniques anciennement mobilisées par l’agriculture bio, bien d’autres outils existent.
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