L’agence Associated Press (AP) dénonce une « atteinte à la liberté d’expression » : après trois jours de refus d’accès au bureau Ovale, la plus grande agence de presse américaine s’est vue bannie, pour une durée illimitée, vendredi 14 février, du bureau Ovale et d’Air Force One, l’avion officiel de Donald Trump, en raison de son refus d’appeler le golfe du Mexique « golfe d’Amérique ».
« Les mesures prises pour restreindre la couverture par AP des événements présidentiels en raison de la façon dont nous évoquons un lieu géographique portent atteinte » à « la liberté d’expression, un pilier de la démocratie américaine et une valeur cardinale du peuple américain », a réagi, vendredi soir, une porte-parole de l’agence, Lauren Easton, dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse
« L’accès d’Associated Press au gouvernement est crucial pour tous les organismes d’information, dont The Washington Post, afin de fournir à des millions d’Américains un journalisme indépendant basé sur les faits chaque jour », a aussi déclaré une porte-parole du Washington Post.
« L’Associated Press continue d’ignorer le changement de nom géographique légal du Golfe d’Amérique », a justifié, de son côté sur X, vendredi, le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche Taylor Budowich. « Si le premier amendement [de la Constitution américaine sur la liberté d’expression] protège leur droit à des reportages irresponsables et malhonnêtes, il ne garantit pas leur privilège d’accès sans entrave à des espaces limités, tels que le bureau Ovale et Air Force One », a-t-il prétendu.
« A l’avenir, ces espaces seront ouverts aux milliers de journalistes qui en ont été empêchés (…) Les journalistes et photographes de l’Associated Press conservent leurs accréditations pour le complexe de la Maison Blanche », a-t-il poursuivi.
Violation flagrante du premier amendement
Cette semaine, un reporter d’AP avait, entre autres, été privé d’accéder à la conférence de presse entre Donald Trump et le premier ministre indien, Narendra Modi, « une violation flagrante du premier amendement », avait déjà déclaré Julie Pace, la rédactrice en chef de l’agence.
Dans une note éditoriale, AP a expliqué que le décret changeant le nom du Golfe du Mexique n’avait d’autorité qu’aux Etats-Unis, tandis que le Mexique et d’autres pays et organismes internationaux ne l’avaient pas reconnu. « Associated Press y fera référence par son nom d’origine tout en reconnaissant le nouveau nom choisi par Trump », poursuivait l’agence de presse.
Fondée en 1846 par des journaux new-yorkais, AP livre articles, photos et vidéos à de très nombreux médias, américains et étrangers. L’agence, institution du journalisme qui emploie plus de 3 000 personnes, a produit, en 2023, plus de 375 000 articles, 1,24 million de photos et 80 000 vidéos.
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