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Cette fois, c’est vraiment terminé. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a annoncé, mercredi 16 avril, la fermeture de la seule agence fédérale américaine qui traquait et contrait la désinformation en provenance des pays étrangers.

Le budget du « service de lutte contre la manipulation de l’information et les ingérences étrangères » (Counter Foreign Information Manipulation and Interference) – anciennement connu sous le nom de Global Engagement Center (GEC) – avait déjà fait les frais, en décembre 2024, de l’accord ayant évité le shutdown aux Etats-Unis.

Mercredi, le secrétaire d’Etat américain a justifié la fermeture définitive de l’agence par la nécessité de « défendre la liberté d’expression des Américains ».

« Sous l’administration précédente, ce service, qui coûtait aux contribuables plus de 50 millions de dollars par an, a dépensé des millions de dollars pour faire taire et censurer activement les voix des Américains qu’il était censé servir », a accusé M. Rubio dans un communiqué.

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« C’est une représentation profondément trompeuse et non sérieuse d’une organisation axée sur l’identification des opérations de désinformation étrangères, principalement russes », a répondu l’ancien porte-parole du Département d’État, Ned Price, dans un message sur X.

L’Union européenne visée

Dans un entretien accordé au site Foundation for Freedom Online et diffusé par son ministère, M. Rubio a déclaré que les fonds économisés par la fermeture de ce service serviraient à « diffuser un message pro-américain » visant à « défendre la liberté d’expression, qui est menacée dans le monde entier, y compris dans des pays alliés ». M. Rubio n’a cité ni Pékin ni Moscou parmi les menaces à la liberté d’expression mais évoqué des « cas » non précisés en Europe occidentale « où des gens postent quelque chose en ligne et puis la police frappe à la porte et vous allez en prison soixante jours ».

« Si un pays, ou un groupe de pays dans le cas de l’Union européenne (…), s’en prend à des Américains pour leur propos, ça devient une source d’irritation pour les Etats-Unis et même plus que ça », a-t-il dit.

« Cela empêche de coopérer (…) s’ils s’en prennent non seulement à quelqu’un de connu comme Elon [Musk], mais à n’importe qui », a averti M. Rubio, faisant référence à l’avertissement lancé l’an dernier par la Commission européenne au patron de X, qui s’apprêtait à interviewer Donald Trump sur son réseau. « Cela pourrait aboutir à menacer (…) potentiellement des hauts responsables aux Etats-Unis », a-t-il ajouté.

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Dans ce contexte, M. Rubio a précisé que l’administration Trump soulevait la question de la liberté d’expression dans ses entretiens avec des dirigeants européens. « Vous allez voir que nous continuons à mettre l’accent là-dessus dans notre diplomatie », a expliqué Marco Rubio, qui se rend à Paris pour des discussions sur l’Ukraine.

Une agence qualifiée de « menace pour la démocratie » par Elon Musk

L’annonce du département d’Etat survient à une période où la diplomatie américaine est censée proposer de couper son budget de moitié. Le service d’anti-désinformation, fondé en 2016, était depuis longtemps dans le collimateur des élus républicains. Il avait aussi été épinglé par Elon Musk, qui l’avait qualifié de « pire censeur au sein de l’Etat américain » et de « menace pour la démocratie ».

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Sa disparition survient au moment où des experts mettent en garde contre le risque de campagnes de désinformation de la part de la Chine et de la Russie. Déjà, le service avait démarré quelques mois avant la première élection de Donald Trump, qui avait été marquée par des accusations d’ingérence russe. Un rapport de 2019 du procureur spécial Robert Mueller avait notamment établi que l’Etat russe s’était « immiscé dans l’élection présidentielle de 2016 de façon systématique », ce que Moscou a toujours démenti.

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Jusqu’à présent, le Congrès et les précédents secrétaires d’Etat avaient soutenu l’action de cette agence. Cité par Politico, un responsable du département d’Etat, qui a demandé l’anonymat par crainte de représailles, a déclaré que « le Kremlin et le Parti communiste chinois peuvent aujourd’hui se réjouir. (…). Une nouvelle faille a été créée dans notre sécurité nationale, rendant l’Amérique encore plus vulnérable ».

Dans le même registre, le ministère de la justice a fermé, depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, une unité de la police fédérale (FBI) de lutte contre les ingérences étrangères dans les élections aux Etats-Unis.

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Le Monde avec AFP

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