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Histoires Web jeudi, octobre 16
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Sans grande surprise, Gérald Darmanin est reconduit comme garde des sceaux au sein du gouvernement Lecornu. Une nomination pour le moins inquiétante, puisqu’elle revient à confier une nouvelle fois à l’artisan de la surenchère répressive de ces derniers mois les clés d’un ministère qui, plus que tout autre, devrait protéger la République de ses propres excès. Il n’en est pourtant rien.

Il faut se souvenir combien son premier passage Place Vendôme fut le théâtre de déclarations trompeuses suggérant que le système carcéral manquerait de fermeté. Un procédé rhétorique encore récemment employé lorsqu’il affirmait, par exemple, qu’il fallait construire quatre nouveaux établissements de haute sécurité « pour qu’une prison ressemble à une prison » (RTL, le 10 septembre). Cette formule, d’un culot inouï quand on connaît l’état déplorable du parc carcéral français et la souffrance qu’il abrite, passe sous silence l’existence de régimes d’isolement stricts et d’une logique disciplinaire qui irrigue jusqu’aux moindres rouages de l’institution.

Cette posture illustre une dérive plus profonde. La prison est utilisée comme un outil de communication au service de politiques pénales et pénitentiaires ultrasécuritaires. Le discours s’inscrit dans une logique de mise en scène permanente est utilisée, où l’affichage d’autorité supplante toute réflexion sur la pertinence des mesures annoncées.

Registre démagogique

Qu’il s’agisse de l’interdiction absurde des activités dites « ludiques », de l’expulsion massive des étrangers détenus au mépris de tout droit à la réinsertion, ou encore du retour sous un nouveau nom des quartiers de haute sécurité avec les quartiers de lutte contre la criminalité organisée, la même logique prévaut : convoquer le « bon sens » pour sabrer des pans entiers d’un droit pénitentiaire dont il ignore tout des enjeux.

Jamais un garde des sceaux n’avait sombré si consciemment dans un tel registre démagogique, à mille lieues de la hauteur de vue à laquelle devrait astreindre cette fonction. Mais il y a pire. Cette fuite en avant stérile ne fait qu’accroître la défiance envers l’institution judiciaire et aggraver les fractures sociales qu’elle devrait contribuer à réduire.

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