Pouvoir d’achat, immigration, « wokisme ». Trois des thèmes sur lesquels s’est jouée la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis correspondent à ceux sur lesquels prospère le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen. Précisément ceux aussi sur lesquels la gauche est soit impuissante, soit dans le déni, soit aux abonnés absents. En novembre 2024, l’élection du milliardaire avait déclenché outre-Atlantique un début d’autopsie de l’échec démocrate : trop de références aux identités, pas assez à l’économie, trop d’entre-soi… Depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, « la résignation » domine dans le camp progressiste, constate The New York Times.
Impérialisme revendiqué, alliés foulés aux pieds, menaces de guerre commerciale, droit du sol bafoué, lutte contre les discriminations abandonnée, personnes transgenres niées, représailles contre les opposants… Les agressions qui tombent en rafale au rythme des posts sur le réseau social X et des décrets ont tétanisé la gauche. En France, même les « insoumis », qui, en novembre 2024, proclamaient que « seule une gauche radicale et populaire » aurait pu vaincre Trump et que Kamala Harris avait été battue parce qu’elle avait « fait du [François] Hollande », ont baissé d’un ton. L’élection de Trump « met (…) en danger bien des certitudes du monde précédent », a commenté prudemment sur son blog Jean-Luc Mélenchon le jour de l’investiture.
Même si « les Etats-Unis ne sont pas la France », l’accession d’un démagogue d’extrême droite à la tête du plus grand pays développé et éduqué du monde a de quoi faire réfléchir la gauche et susciter un inventaire. « Le fait que la classe ouvrière américaine censée être le pilier du Parti démocrate ait basculé est une immense leçon, a admis l’eurodéputé (Place publique) Raphaël Glücksmann sur France Inter, le 19 janvier. Il faut arrêter de croire que le triomphe des populistes d’extrême droite est une parenthèse de l’histoire. C’est une lame de fond, en Europe autant qu’aux Etats-Unis. »
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