C’est un petit coin de bohème, un vestige de cette époque bénie des Années folles, où Montparnasse attirait les artistes du monde entier. Fondée en 1904 par deux peintres, la Suissesse Martha Stettler (1870-1945) et la Russe Alice Dannenberg (1861-1948), l’Académie de la Grande-Chaumière occupait alors un rôle central dans ce quartier parisien du 6e arrondissement, où résonnaient l’esprit de la fête et le goût de la liberté. Amedeo Modigliani, Balthus, Alberto Giacometti, Germaine Richier, Gérard Garouste ou Serge Gainsbourg y ont fait leurs classes. Des pointures comme Antoine Bourdelle, Fernand Léger ou Ossip Zadkine y ont enseigné. En 1957, l’Académie Charpentier, fondée douze ans plus tôt, se greffe à la Grande-Chaumière pour former des architectes d’intérieur.
Présidées depuis 2018 par le psychanalyste Serge Zagdanski, ces deux écoles cohabitaient sans peine. Du côté Charpentier, on accueillait une centaine d’étudiants par an. Quelque 8 000 amateurs fréquentaient chaque année la Grande-Chaumière, moyennant un droit d’entrée de 22 euros pour une séance libre de deux heures de dessin d’après modèle vivant. Ce rituel centenaire va bientôt s’achever : les deux académies ont été priées de quitter leurs murs au 31 juillet, le propriétaire du site, Alexandre Garèse, ayant l’intention d’y développer son propre projet culturel.
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