Le groupe écoute avec attention la guide expliquer la différence entre un clou, une pique, une pointe ou une semence. Ce vendredi après-midi de fin mars, ils sont une quarantaine de visiteurs à découvrir, pendant près de deux heures, la clouterie Rivierre. Fondée en 1888, l’entreprise est la dernière usine de clous forgés en activité en France, et même en Europe.
Située à Creil (Oise), elle est toujours abritée dans ses bâtiments d’origine, dignes d’un roman de Dickens ou de Zola : toits en dents de scie avec vitres orientées au nord pour profiter d’une lumière constante toute la journée, murs en briques noircies par la suie et structure en métal. Les 325 machines qui fonctionnent encore cinq jours sur sept sont aussi d’époque, chacune avec un prénom féminin écrit sur ses flancs (Colette, Gladys, Esmeralda, Corinne…), choisi par les ancêtres de la vingtaine d’ouvriers spécialisés toujours en place – tréfileurs, pointiers ou outilleurs.
Les visiteurs du jour font partie d’un club du troisième âge venu de Rouen, à une centaine de kilomètres. La clouterie organise des visites depuis 2010 pour faire découvrir son savoir-faire et son histoire. « On reçoit tous types de public : des scolaires, des groupes de retraités, des familles, explique Justine Fantoni, la salariée de l’entreprise chargée de cet accueil. Beaucoup viennent pour l’histoire patrimoniale de l’usine, mais certains jeunes sont attirés aussi par les métiers industriels. »
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