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Au XXe siècle, l’hôpital public répondait au besoin de soins de la population. Pour les soignants, il était prestigieux d’y travailler, et les médecins qui n’arrivaient pas à y rester se consolaient en allant gagner beaucoup d’argent dans le privé. Notre système de santé était bien classé au niveau international et notre hôpital public était une fierté nationale.

Les progrès des conditions de vie et de la médecine ont permis une augmentation de l’espérance de vie mais ont aussi conduit à une progression des dépenses nécessaires au fonctionnement de notre système de santé. La volonté de limiter ces dépenses, associée à la vague néolibérale, qui a déferlé depuis le début des années 1980, a conduit à la transformation de l’hôpital public en une structure de production de soins financée à l’activité (la « tarification à l’activité » ; T2A), qui a été mise en concurrence avec les structures privées lucratives. L’objectif était d’améliorer l’« efficience » et la « productivité ». Les structures déficitaires seraient obligées de se réformer, de s’améliorer ou de disparaître.

En pratique, les structures déficitaires n’ont eu d’autre choix que de réduire la masse salariale, qui représente environ les deux tiers du budget de l’hôpital, tout en augmentant l’activité : fermeture de lits et développement de l’ambulatoire, sélection des activités et des patients les plus rentables, augmentation du nombre de patients par infirmière alors que la charge de travail croissait, blocage des salaires… Résultat : plus de 100 000 lits fermés, et une augmentation de l’activité hospitalière de 19 % entre 2009 et 2016, avec des effectifs qui n’ont cru que de 2 %.

L’échec de l’hôpital entreprise

Mais l’hôpital a travaillé plus pour gagner moins : pour respecter le budget voté par le Parlement et l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), les tarifs versés à l’hôpital pour la prise en charge des patients ont baissé, de l’ordre de 5 % entre 2009 et 2016.

Par conséquent, malgré ces traitements agressifs, le déficit des hôpitaux n’a pas diminué. En 2019, avant la pandémie de Covid-19, la proportion d’hôpitaux publics en déficit était stable à 58 %. Depuis, la situation des hôpitaux publics n’a fait que se dégrader, conséquence des facteurs aggravants que sont le Covid-19, l’inflation et la baisse d’activité hospitalière due au manque de personnel.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Système de soins en crise : « C’est terriblement dangereux, pour les soignants comme pour les patients »

Les conditions de travail des soignants et la qualité de la prise en charge des patients se sont détériorées. La culture de la rentabilité pousse les services hospitaliers à refuser les patients âgés polypathologiques qui consultent aux urgences pour une pathologie chronique décompensée [dégradation soudaine et importante du fonctionnement d’un organe], car ils sont synonymes de soins lourds et de séjours prolongés, expliquant leur attente indigne sur des brancards.

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