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Histoires Web lundi, mai 12
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La « Sparte du Moyen-Orient », ainsi que les Emirats arabes unis ont pu être décrits, se distingue depuis plus d’une décennie par une politique étrangère fortement militarisée et particulièrement agressive. Une telle stratégie porte la marque de Mohammed Ben Zayed, l’actuel président de la fédération d’émirats, et elle est animée par une hostilité obsessionnelle à l’encontre des « printemps arabes », cette vague de contestation populaire qui fit trembler les dictatures de la région en 2011.

La force d’une telle stratégie a beau résider dans sa cohérence contre-révolutionnaire, elle conduit sur de nombreux théâtres les Emirats arabes unis à soutenir des mouvements sécessionnistes, accentuant la fragmentation des Etats concernés au lieu d’y garantir une forme de restauration autoritaire.

Le laboratoire libyen

Après la guerre civile qui aboutit, en Libye, au renversement du colonel Kadhafi, en septembre 2011, les Emirats arabes unis décident de miser sur le général Haftar, gouverneur de Tobrouk sous Mouammar Kadhafi, de 1981 à 1986, avant de faire défection aux Etats-Unis. Non seulement Abou Dhabi encourage Khalifa Haftar à déclencher une deuxième guerre civile, en mai 2014, mais des avions émiratis participent au bombardement de Tripoli, trois mois plus tard. Les partisans de Khalifa Haftar ne parviennent pourtant pas à s’emparer de la capitale, d’où la division du pays entre deux gouvernements, l’un reconnu par l’Organisation des Nations unies (ONU) à Tripoli, l’autre contrôlé par Khalifa Haftar à Benghazi. En dépit de l’embargo de l’ONU sur les livraisons d’armes, Khalifa Haftar bénéficie d’un flux continu d’armements émiratis, dont des hélicoptères d’origine biélorusse.

Refusant tout partage du pouvoir dans une Libye réunifiée, les Emirats poussent Khalifa Haftar à lancer une troisième guerre civile, en avril 2019, qui n’aboutit qu’à jeter le gouvernement de Tripoli dans les bras de la Turquie, sans mettre fin à la polarisation entre l’ouest et l’est de la Libye. Mohammed Ben Zayed prend acte de cet échec cuisant et utilise désormais Benghazi et sa région comme laboratoire de sa coopération militaire avec la Russie, dont il soutient plus ou moins discrètement l’invasion de l’Ukraine. Cette dimension russe s’accentue depuis la chute du dictateur Assad à Damas, en décembre 2024, et le repli sur le fief de Khalifa Haftar d’installations russes jusque-là implantées sur le littoral syrien. L’aménagement de la base aérienne de Maaten Al-Sarra, dans le sud libyen, est à cet égard lourd de conséquences.

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