Le gouvernement slovène a annoncé, jeudi 17 juillet, des mesures pour interdire l’entrée sur son territoire de deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Cette initiative, qui vise deux partenaires-clés de la coalition du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est présentée comme « une première dans l’Union européenne ».
Les deux ministres vont être déclarés personae non gratae en raison de leurs « propos génocidaires, encourageant une violence extrême et de graves violations des droits humains des Palestiniens », selon un communiqué. Les deux responsables sont favorables à l’expansion de colonies juives en Cisjordanie et y encouragent « le nettoyage ethnique » tout comme dans la bande de Gaza, dénonce le gouvernement centriste.
Le fondamentaliste Bezalel Smotrich, ministre des finances et ministre de tutelle de la Cisjordanie au sein de la défense, est partisan d’une guerre totale à Gaza et en Cisjordanie. En août 2024, il avait suscité des réprobations internationales pour avoir déclaré : « Personne au monde ne permettra que nous affamions 2 millions de personnes [à Gaza], même si cela peut être justifié et moral pour libérer les otages. » En mai, il avait émis le souhait que la bande de Gaza « soit entièrement détruite » et que la population palestinienne la quitte « en grand nombre pour des pays tiers ».
Quant à Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale et chef du parti d’extrême droite lié aux colons Otzma Yehudit (« puissance juive »), il avait notamment affirmé, en août 2023, que « [ses] droits » étaient plus importants que ceux des Palestiniens en Cisjordanie. Il a appelé à plusieurs reprises à un retour de colons juifs à Gaza et à l’« émigration » de la population palestinienne.
« Pionniers »
« Il s’agit de la première mesure de ce type dans l’Union européenne, nous sommes en quelque sorte les pionniers », a déclaré à la presse la ministre des affaires étrangères, Tanja Fajon, « même si d’autres pays en dehors du continent ont récemment frappé ces deux ministres d’une interdiction de voyager ». « Nous envoyons ainsi un message clair au gouvernement israélien : le massacre de civils innocents doit cesser », a-t-elle ajouté.
Le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Norvège avaient annoncé en juin des sanctions contre ces deux ministres, désormais frappés d’une interdiction de voyager dans ces pays, une démarche alors « condamnée » par Washington.
Alors que la pression internationale s’accroît sur Israël en raison de sa conduite de la guerre dans la bande de Gaza, la Slovénie est très active sur le sujet. Le pays avait reconnu l’an dernier l’Etat palestinien, rejoignant l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, et sa présidente Natasa Pirc Musar a récemment dénoncé un génocide devant le Parlement européen. Si près de 150 pays reconnaissent l’Etat palestinien, la plupart des pays occidentaux n’ont pas franchi ce pas.
Au moins 58 573 personnes – majoritairement des civils -, ont été tuées dans la bande de Gaza dans la campagne de représailles militaires israéliennes après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, selon des données du ministère de la santé du territoire palestinien, jugées fiables par l’ONU.