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Le 5 janvier 2016, Sebastian Burduja, alors âgé de 30 ans, franchissait le contrôle des passeports à l’aéroport Otopeni de Bucarest avec sa femme et ses enfants. Après douze ans aux Etats-Unis, il rentrait au pays. « Mais tu es fou ! Tu laisses l’Amérique pour la Roumanie ? », lui lança un fonctionnaire incrédule. Dans un pays où plus de 5 millions de Roumains ont émigré vers l’Ouest depuis l’adhésion à l’Union européenne (UE) en 2007, le retour en Roumanie peut sembler improbable. Pour beaucoup d’entre eux, le choix de rentrer est même incompréhensible tant le pays a longtemps été synonyme d’opportunités limitées, de bas salaires et de corruption endémique.

Pourtant ce phénomène de retour prend de l’ampleur depuis 2022. En 2023, selon l’Institut national de statistiques, le nombre de Roumains revenus dépasse de 82 000 ceux qui ont quitté le pays. La majorité d’entre eux sont des jeunes diplômés venus profiter de l’essor économique que connaît la Roumanie depuis le début de la guerre en Ukraine voisine, qui a attiré d’importants investissements européens et américains dans les secteurs de l’énergie, de la défense et des nouvelles technologies.

Après des études à Stanford et Harvard, Sebastian Burduja, devenu expert à la Banque mondiale à Washington, a décidé de rentrer pour contribuer au développement de son pays. En 2018, il a mobilisé la diaspora pour manifester contre la corruption malgré une répression sévère. Quelques dizaines de milliers de Roumains ont protesté contre le gouvernement avant d’être dispersés violemment par les forces de l’ordre. C’était le jour où Sebastian Burduja a décidé de continuer sa bataille en politique.

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En 2022, il est nommé ministre de la recherche, de l’innovation et de la numérisation avant de prendre les rênes du ministère de l’énergie où il œuvre à transformer la Roumanie en hub énergétique de l’Union européenne (UE) grâce à l’énergie nucléaire et verte. « Beaucoup de Roumains de la diaspora veulent rentrer avec leurs réseaux et leurs capitaux pour montrer qu’on peut réussir en Roumanie, assure-t-il. C’est vrai que ce n’est pas facile et cela demande de la patience et des nerfs solides, mais c’est possible. »

« Apporter quelque chose à la Roumanie »

L’histoire de Sebastian n’est pas isolée. Cezar Georgescu, 59 ans, est également revenu en Roumanie après une carrière internationale dans la construction de centrales nucléaires au Canada, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Pologne. En septembre, il a été nommé à la tête de RoPower, qui prévoit de construire en Roumanie des petits réacteurs modulaires avec la technologie de l’américain NuScale. Ce projet a pour ambition de faire de la Roumanie un hub énergétique pour l’UE en diversifiant son approvisionnement énergétique. « J’ai vécu dans de nombreux pays mais j’ai voulu apporter quelque chose à la Roumanie », souligne-t-il.

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