« De Gaulle avait raison ! », glissaient malicieusement les partisans du Brexit en 2016 dès qu’un journaliste français les interrogeait sur leurs motivations pour le divorce avec l’Union européenne (UE). « De Gaulle avait raison », écrivent aujourd’hui à l’unisson bien des observateurs britanniques.
Alors que Donald Trump fait la cour à Vladimir Poutine, le choix du général de Gaulle en faveur d’une « troisième force européenne indépendante de Washington et de Moscou apparaît moins grandiose et plus visionnaire chaque jour », lit-on dans un éditorial du Times. « Le vandalisme des Etats-Unis donne le dernier mot à de Gaulle », insiste le journaliste Edward Lucas dans le même quotidien.
Si Charles de Gaulle a pu être appelé à la rescousse par les anti-européens lors du Brexit, il est aujourd’hui invoqué pour le remettre en cause. Les Britanniques en viennent presque à oublier que le Général, s’il se méfiait de l’alliance avec Washington, rejetait l’idée d’une défense européenne désormais à l’ordre du jour, y compris au Royaume-Uni.
Qu’importe : la révolution trumpiste, en imposant l’autonomie stratégique de l’Europe, sape le « splendide isolement » des Britanniques et les incite à remettre en cause le Brexit. Impensable il y a peu, le résultat d’un sondage YouGov, selon lequel 69 % des Britanniques sont favorables à un accord de défense avec l’UE, donne la mesure de ce bouleversement. Ils sont même 59 % à se dire favorables à la participation de soldats de leur pays à une armée paneuropéenne, selon une enquête Public First-Stonehaven. Autant, voire davantage, que les Français ou les Allemands.
Il vous reste 72.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.