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Aysenur Ezgi Eygi avait 26 ans lorsqu’elle a été tuée d’une balle en pleine tête par l’armée israélienne, le 6 septembre, lors d’une manifestation qui se tenait comme chaque semaine à Beita, dans le nord de la Cisjordanie occupée, pour protester contre l’extension de la colonisation.

Cette citoyenne américano-turque était engagée au sein de l’International Solidarity Movement, un « mouvement international de solidarité » pacifiste avec la population palestinienne (tout comme Rachel Corrie, une militante américaine de 23 ans, écrasée en 2003 par un bulldozer de l’armée israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, alors qu’elle était dressée devant cet engin pour empêcher la démolition d’une maison palestinienne).

Le président américain, Joe Biden, a osé qualifier la mort violente de sa compatriote d’« accident », tandis que son administration n’a pas exercé plus de pression sur Israël que lors du décès de la journaliste Shireen Abu Akleh, en mai 2022 en Cisjordanie, ou de l’humanitaire Jacob Flickinger, en avril dernier à Gaza, tous deux américains.

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Des pacifistes palestiniens en ligne de mire

Aysenur Ezgi Eygi a été tuée alors que la colonisation israélienne de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie se poursuit avec une intensité inégalée, sur fond d’une violence, elle aussi, sans précédent depuis la deuxième Intifada de 2000-2005. Cette Intifada avait alors fait un millier de morts israéliens et trois fois plus de Palestiniens, avant de se conclure par une victoire israélienne, couronnée par le retrait de la bande de Gaza.

Les ministres suprémacistes appellent désormais à traiter le défi palestinien en Cisjordanie avec la même brutalité qu’à Gaza et, de fait, depuis le 7 octobre 2023, près de 700 Palestiniens ont été tués par les militaires et les colons israéliens dans ce territoire occupé (où vingt-quatre Israéliens ont trouvé la mort). Une telle escalade s’aggrave avec les opérations menées par Israël contre les groupes armés, souvent basés dans les camps de réfugiés palestiniens. Mais elle s’inscrit dans une longue histoire de répression de toute forme d’opposition, même non violente, à la colonisation israélienne.

Le symbole de cette contestation pacifiste en Cisjordanie a longtemps été le village de Bil’in, à l’ouest de Ramallah, où des manifestations se sont déroulées sur un rythme hebdomadaire depuis 2005 pour protester contre l’expropriation de 60 % des terres, du fait de la construction du mur de séparation avec Israël. Une telle mobilisation non violente est parvenue à arracher un réajustement limité du tracé du mur, qui continue pourtant de s’élever en territoire occupé. Mais cette très relative victoire n’a été obtenue qu’au prix de deux morts, de nombreux blessés, d’une centaine d’arrestations et d’un blocus prolongé du village.

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