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La crise des urgences est sans fin. Malgré la promesse du président de la République de les « désengorger » en 2024, les fermetures plus ou moins prolongées se multiplient. Les services d’urgence qui restent ouverts sont surchargés, et les personnels, à bout, en partent.

Face à cette situation qui perdure, certains, politiques ou urgentistes, pensent avoir trouvé la solution avec la régulation. Il s’agit d’obliger les patients à appeler le 15 avant de se rendre aux urgences : à l’autre bout du fil, le service d’accès aux soins (SAS) lui délivrera le sésame qui lui permettra d’y entrer. Moins de patients, moins de bobologie, moins de pression, davantage de « vrais » patients pour des « vraies » urgences.

Tantôt gardés par un vigile derrière une porte fermée, tantôt par un interphone pour le SAMU, les services qui ont opté pour cette stratégie de régulation se sentent à l’abri de la violence des patients mécontents et de la mission qu’on leur a attribuée contre leur gré – celle de pallier l’effondrement du système de santé. Tout va donc au mieux dans le meilleur des mondes. Et nous préconisions d’ailleurs, avec d’autres collègues, le recours à cette stratégie dans une tribune au Monde parue en 2019.

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Mais peut-on se réjouir d’un système d’urgences-boîte de nuit où ne rentreraient que des patients VIP, filtrés en amont par une organisation complexe d’assistants de régulation et de médecins urgentistes et généralistes assurant une fonction d’aiguillage du système plutôt que des consultations ? Doit-on vraiment renoncer à un accueil aux urgences de tous les patients, alors que des infirmières formées à l’accueil et disposant d’une expérience du tri pourraient réorienter certains d’entre eux après une vraie évaluation et en suivant des recommandations nationales ?

Message peu compréhensible

Ces questions se voient sans cesse opposer le risque de violence, et il est avéré. Mais peut-on vraiment penser qu’un coup de fil au 15 va permettre d’« éduquer » les patients ? Ne nous voilons pas la face. Oui, le consumérisme médical touche nos urgences ; mais derrière les quelques patients « Amazon », combien en compte-t-on en errance médicale et dont les consultations fréquentes sont le marqueur d’un parcours complexe ? Combien de patients sans couverture sociale ? De plus, comment les patients maîtrisant mal, ou pas, le français peuvent-ils espérer se faire comprendre au téléphone ? Dans ce système, qu’advient-il de l’éthique, du service public, de l’humanité ?

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