Marque de confiance ou piège ? A l’invitation du gouvernement, syndicats et patronat s’apprêtent à remettre en chantier la très controversée réforme des retraites, qui a décalé de 62 ans à 64 ans l’âge légal de départ. Jusqu’au mois de juin, les organisations de salariés et d’employeurs vont discuter en s’appuyant sur un diagnostic financier que la Cour des comptes doit livrer mercredi 19 février.
L’exercice est très inhabituel, peut-être même inédit : le pouvoir exécutif propose aujourd’hui aux acteurs de la démocratie sociale d’« améliorer » un texte adopté au forceps. En somme, place au dialogue, après une séquence où les partenaires sociaux ont eu le sentiment de n’avoir pas eu voix au chapitre.
En impulsant cette démarche, François Bayrou veut montrer qu’à la différence d’Emmanuel Macron, il est prêt à écouter les corps intermédiaires. L’initiative du premier ministre est aussi guidée par l’instinct de conservation et les urgences du moment. Elle répond, un peu, aux attentes de certains de ses opposants, le Parti socialiste en particulier, ce qui réduit la menace d’une censure – synonyme de chute du gouvernement – tout en rendant possible l’adoption des budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale. « C’est une forme d’hommage aux partenaires sociaux, puisque François Bayrou leur procure des marges de manœuvre. Mais c’est également une façon de gagner du temps et de s’extraire d’une situation délicate, dans laquelle notre pays n’avait pas de loi de finances », observe Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était à l’Elysée (2007-2012) et artisan d’une précédente réforme des retraites, qui repoussa de 60 ans à 62 ans l’âge légal de départ.
« Aucun totem ni tabou »
M. Bayrou assure qu’il n’y a « aucun totem ni tabou » dans la réflexion à venir. En d’autres termes, tout est sur la table, y compris la règle des 64 ans, dont la suppression est réclamée par les organisations de salariés, la gauche, l’extrême droite et même des personnalités au centre de l’échiquier politique.
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