Dans l’archipel de Mayotte aux infrastructures ravagées après le passage, à la mi-décembre 2024, du cyclone Chido, la reconstruction prendra du temps pour un coût « sans doute au-dessus du milliard » d’euros, a estimé, vendredi 31 janvier, Manuel Valls, dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP).
Le ministre des outre-mer, en visite à Mayotte pour deux jours, a évoqué « le chiffre [de la reconstruction], qu’il soit au-dessus ou en dessous du milliard [d’euros], sans doute au-dessus », citant notamment les « établissements publics, scolaires, [les] mairies, tous les équipements publics » mais aussi « évidemment tout ce qui concerne l’économie ou l’agriculture ».
Le département le plus pauvre de France a été ravagé, le 14 décembre 2024, par Chido. Ce cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis quatre-vingt-dix ans a causé la mort d’au moins 39 personnes et provoqué des dégâts colossaux sur des infrastructures vitales – un hôpital, des routes, des établissements scolaires. Ses vents jusqu’à 200 kilomètres par heure ont pulvérisé les maisons en dur comme en tôle.
« Nous sommes encore dans la phase d’urgence », a souligné vendredi M. Valls, en déplacement dans cet archipel de l’océan Indien avec la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne, après une première visite avec François Bayrou fin décembre. « Nous revenons de très loin », a-t-il ajouté. La reconstruction ne « va pas se faire en douze mois », mais « elle va se faire sur plusieurs années pour des raisons évidentes », a-t-il estimé.
« Associer les Mahorais »
Au-delà de la question du financement de la reconstruction, « pour moi, l’essentiel, ce sont les projets », a dit M. Valls à l’AFP. « Ce que nous souhaitons, avec le général [Pascal] Facon [chargé de piloter la reconstruction de Mayotte], c’est d’avoir tous les projets pour que l’Etat puisse venir en aide aux communes ». Malgré des finances publiques dégradées, l’Etat sera au « rendez-vous en [matière] de financement », a assuré l’ancien premier ministre socialiste, promettant d’« associer les Mahorais » à la reconstruction.
Pendant des semaines, les habitants ont été privés d’électricité ou ont subi des coupures préjudiciables. Au 21 janvier, cinq semaines après Chido, la préfecture évaluait le pourcentage de clients alimentés en électricité à 95 % sur l’archipel. « On revient au niveau d’avant Chido », estimait-on vendredi dans l’entourage de Manuel Valls, un niveau « qui n’est pas parfait et sur lequel il faut encore travailler ». Le réseau est en train d’être renforcé grâce à l’enfouissement de certaines lignes électriques, ce qui signifie qu’« aujourd’hui on touche à la fin de la phase d’alimentation d’urgence », assure-t-on de même source.
Le territoire – dont les infrastructures ne permettent plus de couvrir les besoins depuis plus d’un an – privait déjà ses habitants d’eau courante pendant trente heures, tous les deux jours. Depuis le cyclone, qui a gravement endommagé le réseau, certains attendent encore le rétablissement de la distribution. Sur l’eau, la restauration des filières économiques et agricoles, « il y a encore beaucoup de travail à réaliser », a concédé M. Valls.
L’hôpital de Mamoudzou opérationnel à 100 %
Les efforts sont à poursuivre également concernant les déchets, avec un objectif affiché par le gouvernement d’éliminer les 6 000 tonnes supplémentaires « d’ici à la fin février ». Pour ce qui est des déchets ménagers, environ 320 tonnes sont actuellement collectées par jour, contre 240 avant Chido, assurent les autorités. L’objectif est là de monter à 650 tonnes par jour d’ici à la fin février.
Sur le volet de la santé, l’équipe de Manuel Valls a recensé cinq dispensaires ouverts – à M’tsamboro, Mamoudzou Jacaranda, M’tsapéré, Dembéni et Bouéni – et deux sont en cours d’ouverture, à Acoua et à Koungou. L’hôpital de Mamoudzou est désormais opérationnel à 100 %.
Quant à l’éducation, Elisabeth Borne a évoqué la rentrée scolaire, effectuée lundi dans des conditions dégradées. Une partie des établissements scolaires n’ont toujours pas pu rouvrir en raison de dommages trop importants. « Les professeurs sont épuisés », a souligné la ministre auprès de l’AFP, promettant une semaine de vacances supplémentaire « pour qu’ils puissent se reposer ».
Un projet de loi d’urgence pour venir en aide à Mayotte et ses quelque 320 000 habitants, selon les estimations de l’Insee au 1er janvier 2025, a été adopté le 22 janvier par l’Assemblée nationale. Le texte doit être examiné lundi au Sénat. Environ un tiers de la population vit dans des habitats précaires.