La République démocratique du Congo et le Rwanda doivent signer vendredi 27 juin, sous les auspices des Etats-Unis, un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l’est de la RDC, qui a fait des milliers de morts.
Cet accord, que le président américain Donald Trump s’est félicité d’avoir obtenu, s’inspire d’une Déclaration de principes approuvée en avril entre les deux pays, et prévoit des dispositions sur « le respect de l’intégrité territoriale et l’arrêt des hostilités » dans l’est de la RDC après l’offensive menée par le groupe armé M23, selon le département d’Etat.
Il doit être formellement signé vendredi lors d’une réunion ministérielle à Washington, en présence du secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, et de ses homologues de la RDC et du Rwanda, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe. Les deux ministres seront reçus par Donald Trump à la Maison Blanche.
« Le désengagement, le désarmement »
L’accord a été élaboré la semaine dernière au cours de trois jours de « dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques » entre représentants de la RDC et du Rwanda présents dans la capitale américaine.
Il comprend aussi des dispositions sur « le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques », ainsi qu’un « mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité ».
Le Qatar a également été médiateur et avait reçu, mi-mars à Doha, le président rwandais, Paul Kagame et celui de la RDC, Felix Tshisekedi. Les deux dirigeants pourraient être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche en juillet.
« C’est un grand jour pour l’Afrique, et, franchement, un grand jour pour le monde », avait clamé le président américain, le 20 juin, sur son réseau Truth Social, parlant d’avoir « mis fin à une guerre sanglante ».
Vaste crise humanitaire
Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda, selon les experts de l’ONU et les Etats-Unis, s’est emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février au terme d’une offensive éclair faisant des milliers de morts. L’est de la RDC, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de trente ans.
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De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 dans l’est de la RDC en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.
Kigali nie soutenir militairement le M23 mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994.
« Etape importante pour la paix »
« Les Etats-Unis sont fiers de soutenir ces progrès durement acquis », a déclaré le 26 juin le porte-parole adjoint du département d’Etat, Tommy Pigott. « Il s’agit d’une étape importante pour la paix et la région des Grands Lacs, et d’un rappel que la paix sur papier doit s’accompagner d’une mise en œuvre sur le terrain », a-t-il affirmé, soulignant que c’était la condition de « l’investissement économique et la stabilité régionale que nous recherchons tous ».
Aucun détail n’a été livré sur le volet économique, mais le président congolais avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, en visite alors à Kinshasa.
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC – deuxième plus vaste pays d’Afrique – détient aussi dans ses sous-sols au moins 60 % des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique, ce qui intéresse activement le président Trump.
Depuis l’offensive éclair du M23, les appels de la communauté internationale au retrait du groupe armé sont restés sans effet. Et les tentatives diplomatiques pour résoudre la crise, notamment une médiation menée par l’Angola, ont toutes échoué.