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Histoires Web mardi, novembre 19
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Dans cet ancien bâtiment technique de la SNCF, la rappeuse Shay a l’air toute petite au milieu des 450 mètres carrés de L’Aiguillage, un studio de répétition, sous 7,50 mètres de hauteur de plafond. La jeune femme de 32 ans, en legging noir et sans maquillage, a l’habitude d’être juchée sur de hauts talons aiguilles, mais, depuis une semaine, elle répète d’arrache-pied les enchaînements de ses deux concerts des 21 et 22 novembre au Zénith de Paris (qui affichent complet) : « Je n’ai jamais vu une artiste aussi bosseuse, commente Jacques Kaspi, le patron de L’Aiguillage. Elle est la première arrivée le matin, la dernière partie. » La rappeuse belge n’a pas vraiment le choix, elle s’est imposé un défi de taille : proposer à son public un spectacle différent à chaque concert.

D’habitude, les artistes et leurs équipes mettent au point un unique show, qu’ils reprennent pendant les mois que vont durer leurs tournées. Le défi est d’autant plus important pour Shay, qui a com­men­cé à 19 ans sous le label de Booba, qu’avant sa première date à l’Olympia de Paris, le 29 mars 2024, elle n’avait jamais vraiment fait de scène. Elle chantait en playback dans des discothèques qui la payaient grassement pour trente minutes de son répertoire, un rap dur où elle affiche volontiers son tempérament de « jolie garce » – du nom de son premier album, sorti en 2016.

Pour peaufiner ses chorégraphies provocantes et mémoriser ses placements sur scène, elle peut compter sur Guillaume Doubet, 38 ans. « Je suis un peu le gardien de sa vision, que je traduis sur les différents départements : la musique, l’image dans les clips, mais aussi dans la communication avec les médias, la lumière et la scénographie, explique-t-il. Je suis plus directeur artistique de son show que scénographe. C’est un peu nouveau en France. »

Ce diplômé de l’école de cinéma 3iS a fait ses armes aux Etats-Unis, dans le label Interscope Records, qui abrite autant le gangsta rap de Dr. Dre que les funky Black Eyed Peas ou la chanteuse pop Lady Gaga. Il s’occupait de la direction artistique de la chanteuse Natalia Kills. A la sortie de son école, à 20 ans, il a été appelé par le producteur de R’n’B Ryan Leslie, pour le suivre à Harlem dans ses séances d’enregistrement avec les stars de l’époque, dont la chanteuse Cassie et son pyg­malion, P. Diddy (aujourd’hui incarcéré, accusé de trafic sexuel).

Une ascension en trois actes

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