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Des parlementaires peu informés pris par surprise au détour d’un amendement, des ministères régaliens tentés par l’accroissement des moyens de surveillance afin de répondre à des problématiques malheureusement bien réelles : voilà comment la pire évolution possible en matière de sécurité numérique est en train de se frayer un chemin dans nos lois ! Une évolution unanimement crainte et dénoncée depuis des années par tous les experts de la sécurité numérique, par toutes les associations et institutions préoccupées de protéger nos droits et libertés dans ce dangereux et complexe monde numérique. Elle se veut être la loi pour lutter contre le narcotrafic, elle ne peut devenir la loi qui favorise l’espionnage et le piratage !

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En matière de surveillance, la proposition de loi donne à l’Etat des pouvoirs considérables pour espionner numériquement les citoyens sur suspicion de « crime en bande organisée », une dénomination très large qui, loin de se limiter au narcotrafic, pourra permettre l’atteinte au secret des correspondances numériques de militants de causes variées. Et quand on dit espionnage, c’est l’ensemble des moyens techniques qui est concerné : logiciels espions, activation à distance des caméras et micros, etc. Et cela restera secret même pendant l’instruction du dossier, privant les personnes surveillées de leurs droits fondamentaux de contradiction. Il ne nous appartient pas de juger de la proportionnalité de telles mesures, mais les révélations de MM. Snowden et Assange ont malheureusement déjà amplement démontré la tentation des démocraties libérales à utiliser largement les techniques numériques pour espionner massivement, avec le risque de glisser insensiblement sur une pente illibérale.

La tentation des « portes dérobées »

Plus grave, la loi envisage d’imposer aux opérateurs de communications numériques de prévoir des backdoors (« portes dérobées ») dans les systèmes de messagerie numérique, permettant l’espionnage sur requête. Rien de bien nouveau, cela fait des années que la tentation d’introduire des backdoors réapparaît : lutte contre le terrorisme, contre la pédocriminalité, aujourd’hui contre le narcotrafic. Mais le consensus absolu et universel des personnes expertes en sécurité est qu’il s’agit là de la pire idée possible. De telles portes dérobées, malgré toutes les précautions qui peuvent être prises, ne peuvent que mécaniquement diminuer le niveau de sécurité des communications et créer une aubaine pour les gouvernements qui ne respectent pas les droits fondamentaux, pour les services de renseignement de tous les pays – à commencer par ceux de nos adversaires –, pour les cybercriminels et malfaisants en tout genre.

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