Afin de rétablir la confiance des citoyens dans les institutions, de récuser le régime des partis et de s’inscrire dans la tradition gaulliste, le bureau politique du parti Les Républicains refuse la proportionnelle aux élections législatives. Ce sont, au contraire, autant de raisons qui justifient de l’instaurer.
Avec la Constitution de la Ve République en 1958, puis l’élection présidentielle au suffrage universel en 1962, de Gaulle a voulu que le président de la République exerce son autorité dans les domaines régaliens (affaires étrangères, défense), et, pour le reste, se limite à définir les grandes orientations et à arbitrer les conflits entre les pouvoirs publics. Jamais il n’avait imaginé à l’Elysée un chef direct des députés, cumulant les fonctions de chef de l’Etat et de chef du gouvernement puis, sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, un patron au quotidien de chaque ministre et de chaque secrétaire d’Etat.
Jusqu’en 2002, sous le régime des septennats, le décalage entre la durée du mandat des députés (cinq ans) et celle du président (sept ans) obligeait à une élection législative « intermédiaire ». C’était le moment – le seul – où la responsabilité politique du président était soumise au verdict populaire jusqu’à provoquer, parfois, une cohabitation droite-gauche ou gauche-droite, dont toutes les études montrent qu’elles furent appréciées des citoyens. Le mandat présidentiel plus long que celui des députés obligeait le chef de l’Etat à s’élever au-dessus des stricts enjeux de pouvoir partisan et personnel, à mieux incarner l’intérêt national, l’intégrité de l’Etat et les valeurs de la République. Voilà pour la tradition gaulliste, portée disparue.
Confusion extrême des pouvoirs
Venons-en au régime des partis. De Gaulle aurait-il jamais imaginé qu’un jour, chaque prétendant à l’Elysée, soucieux de s’assurer un pouvoir sans partage une fois élu, ferait naître autour de lui des partis godillots, peuplés de députés priés d’obéir au doigt et à l’œil ? De Jean-Marie à Marine Le Pen, d’Emmanuel Macron à Jean-Luc Mélenchon, d’Edouard Philippe à Raphaël Glucksmann, chacune et chacun ont aspiré ou aspirent, avec des partis créés autour d’eux, à la totalité des pouvoirs. Les partis, censés, selon l’article 4 de la Constitution, concourir à l’expression du suffrage, semblent désormais servir avant tout de tremplin à l’exercice sans partage du pouvoir présidentiel.
Il vous reste 63.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.