Les services postaux américains ont finalement annoncé, mercredi 5 février, qu’ils continueraient « à accepter » les colis en provenance de Chine continentale et de Hongkong, une douzaine d’heures après avoir dit qu’ils ne le feraient plus « jusqu’à nouvel ordre », en pleine guerre des droits de douane entre Washington et Pékin.
« Nous demandons instamment aux Etats-Unis de cesser de politiser et d’instrumentaliser les questions commerciales et économiques », et de « réprimer de façon déraisonnable les entreprises chinoises », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Lin Jian. Exprimant le « profond mécontentement » de Pékin, il a toutefois appelé au « dialogue » pour tenter de mettre fin à la crise.
Cette passe d’armes autour des colis survient après l’imposition de droits de douane additionnels de 10 % sur toutes les exportations chinoises à destination des Etats-Unis, qui a ouvert une nouvelle guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales. Pékin a immédiatement répliqué en annonçant des taxes sur une série de produits américains, allant du pétrole brut aux machines agricoles.
La Chine a également annoncé de nouvelles restrictions à l’exportation des métaux et métalloïdes utilisés dans des secteurs allant de l’exploitation minière à l’aérospatial. « Les mesures prises par la Chine sont nécessaires pour défendre ses droits et ses intérêts légitimes », a souligné mercredi le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Dans le cadre de ses mesures commerciales, qu’il a motivées par la nécessité de juguler le trafic de drogue à destination des Etats-Unis, Donald Trump a, en outre, annoncé la fin de l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 800 dollars en vigueur jusqu’ici. Celle-ci a largement bénéficié aux plateformes en ligne fondées en Chine, comme les géants Shein et Temu.
Sursis pour le Canada et le Mexique
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’agence des douanes et de protection des frontières américaine a précisé que la valeur des colis bénéficiant de cette exemption s’élevait à plus de 1,36 milliard de dollars en 2024. Washington juge que cette exemption complique la mise en œuvre d’exigences en matière de santé, de sécurité ou de propriété intellectuelle. Son annulation pourrait porter un coup dur aux plateformes ultra-populaires qui vendent des produits bon marché. D’autres groupes non chinois, comme le géant américain Amazon, pourraient également en faire les frais.
La Commission européenne a également annoncé son intention de taxer les milliards de colis expédiés par les plateformes en ligne, en provenance essentiellement de Chine. Bruxelles a toutefois souligné qu’il n’y avait eu aucune coordination avec Washington.
Les mesures de rétorsion chinoises annoncées mardi, qui doivent entrer en vigueur le 10 février, concernent environ 20 milliards de dollars de biens (19,20 milliards d’euros) américains, soit 12 % du total des importations en provenance des Etats-Unis, selon des calculs de la société Capital Economics. Leurs conséquences restent cependant bien inférieures à celles des droits de douane américains additionnels d’ores et déjà en vigueur, qui concernent environ 450 milliards de dollars (431,79 milliards d’euros) de biens.
Le président américain a affirmé, mardi, ne « pas être pressé » de s’entretenir avec son homologue chinois, Xi Jinping. Le Mexique et le Canada ont, eux, obtenu un sursis de trente jours en ce qui concerne l’imposition de droits de douane de 25 %, grâce à des accords de dernière minute conclus avec Donald Trump.