La Pologne a annoncé mardi 1er juillet le rétablissement des contrôles temporaires à ses frontières avec l’Allemagne et la Lituanie, à partir du 7 juillet. Le premier ministre polonais, Doland Tusk, estime cette mesure « nécessaire pour limiter, réduire au minimum ces flux non contrôlés par nos services », les « va-et-vient des migrants ». Le nouveau gouvernement allemand a réintroduit des contrôles temporaires à la frontière avec la Pologne en septembre 2024. Depuis, le gouvernement polonais reproche à Berlin de refouler des migrants vers son territoire.
L’immigration est l’un des principaux sujets du débat politique en Pologne depuis la campagne pour l’élection présidentielle du 1er juin, remportée par l’historien Karol Nawrocki, soutenu par l’opposition nationaliste populiste, face au candidat pro-européen Rafal Trzaskowski, appuyé par Donald Tusk.
Durcissement de la politique migratoire
Le 10 mai, à huit jours du premier tour de l’élection présidentielle, des milliers de manifestants avaient défilé dans les rues de Varsovie, la capitale, afin de protester contre cette « immigration illégale ». La Pologne a accueilli près d’un million de réfugiés ukrainiens. Et face à cet afflux l’opposition nationaliste accuse depuis 2021 la Russie et la Biélorussie « d’orchestrer » cette vague migratoire.
« Depuis environ un mois, la pratique à la frontière polono-allemande a clairement été modifiée. Contrairement aux dix dernières années, le côté allemand refuse désormais réellement d’autoriser l’entrée sur son territoire des migrants qui se dirigent vers l’Allemagne pour, par exemple, demander l’asile ou obtenir un autre type de statut », a expliqué Donald Tusk. Avant d’ajouter que « ce changement de pratique à cette frontière a également entraîné des tensions et un sentiment d’asymétrie justifié ».
Cette décision s’inscrit dans une perspective de durcissement de la politique migratoire du pays mise en œuvre depuis quelques mois avec notamment l’annonce par Donald Tusk le 12 octobre 2024 d’une suspension provisoire du droit d’asile dans le pays. « Nous avons été les défenseurs de Schengen et nous resterons les partisans d’une Europe avec une circulation sans frontières et sans restrictions, mais cela doit être une volonté partagée et symétrique de tous les voisins », a encore dit le premier ministre polonais.
Friedrich Merz prévenu avant l’annonce
La réintroduction des contrôles à la frontière avec la Lituanie est, quant à elle, nécessaire pour bloquer les migrants passant par la Biélorussie, a encore précisé le premier ministre, ajoutant que son gouvernement avait contacté l’Allemagne et la Lituanie avant d’annoncer les nouvelles mesures. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a dit avoir été prévenu par Varsovie.
« Nous sommes conscients des préoccupations du gouvernement polonais, et nous savons que le gouvernement polonais souhaite désormais également mettre en place des contrôles aux frontières avec la Lituanie afin de limiter les passages illégaux de la frontière de la Lituanie vers la Pologne », a-t-il déclaré mardi matin, peu avant l’annonce de la décision polonaise.
Il a souligné « une coopération très étroite, très collégiale et amicale entre les chefs de gouvernement, c’est-à-dire entre Donald Tusk et moi-même, ainsi qu’entre les ministres de l’intérieur, car nous avons un problème commun. Nous le résolvons ensemble ».