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Une brume épaisse et grise, une odeur permanente de brûlé, un air complètement vicié, agressant les yeux, la gorge et les poumons : le piège de la pollution hivernale extrême s’est refermé sur les habitants du nord de l’Inde et du Pakistan. Dans les deux régions voisines, la santé humaine est menacée.

La journée du dimanche 17 novembre a tourné au cauchemar dans la capitale indienne, New Delhi. L’atmosphère n’a cessé de se dégrader tout au long de la journée, pour frôler vers 20 h 30 un indice de qualité de l’air de 1 500. Lundi 18 au matin, le seuil des 1 800 a été franchi. A ce niveau, toute sortie prolongée en extérieur est hasardeuse, la qualité de l’air étant considérée comme mauvaise au-delà de l’indice 50, extrêmement mauvaise à partir de 300.

Pourtant, les rues étaient bondées et pratiquement aucun habitant n’arborait de masque de protection, ignorant le danger. « Que voulez-vous que je fasse ? Que je reste chez moi et que j’arrête de nourrir ma famille ? », s’emporte Rajesh, un vendeur ambulant de rue de momos, une spécialité himalayenne de raviolis, stationné avec son chariot à la sortie du quartier de Chhatarpur.

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La détérioration est en partie due aux incendies volontaires des chaumes dans les champs du Pendjab, allumés par les paysans pour éliminer les résidus de récoltes de riz et passer plus vite aux semences suivantes. Les vents orientés nord-ouest ont rabattu les fumées sur la capitale, où la différence entre les températures diurnes et nocturnes créée une sorte de couvercle, empêchant les polluants de se dissiper. Par temps clair, l’atmosphère s’améliore un peu avec l’apparition du soleil, mais dimanche, il est resté masqué par la brume.

Les autorités, incapables de mettre fin à ces pratiques agricoles délétères, ont enclenché, dimanche, un plan d’urgence : arrêt des chantiers de construction, interdiction d’entrée des camions dans la capitale. Les écoles avaient déjà été fermées plus tôt dans la semaine. Personne n’attend de miracle.

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L’apathie des pouvoirs publics et l’incapacité de la Cour suprême à obliger les autorités à agir contre la pollution conduisent à la répétition de ce scénario chaque hiver, avec des conséquences sanitaires dramatiques : la dernière étude de la revue The Lancet, publiée en 2021, a évalué le nombre de victimes de la pollution en Inde à 1,6 million de morts en 2019.

« Crise incontrôlable »

Le gouvernement indien s’est enfermé dans le déni, à l’image du ministre de la santé qui, en juillet, a affirmé devant le Parlement qu’« il n’y [avait] pas de données concluantes disponibles pour établir une corrélation directe entre les décès et maladies exclusivement dus à la pollution de l’air ». « C’est la réponse habituelle du gouvernement à la plupart des questions de santé publique – remettre en question les données ou les estimations et énumérer les mesures prises –, qu’il s’agisse de la pollution de l’air, du Covid-19 ou de la malnutrition », dénonce Anand Krishnan, médecin dans le plus grand hôpital public de Delhi.

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