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Histoires Web mardi, septembre 16
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Il est environ 4 heures du matin, ce 15 juillet, quand Zoubert (les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver leur anonymat) approche la côte ciselée de Sada, dans le sud-ouest de Mayotte. Parti dix heures plus tôt de l’île de Ndzouani (anciennement Anjouan), aux Comores, l’homme de 25 ans a pris place dans un kwassa-kwassa, un bateau de pêche de moins de 10 mètres de long, pour rejoindre l’archipel français de l’océan Indien. Zoubert y a grandi et veut y retrouver sa mère. Il a fait route sans encombre jusqu’à l’entrée du lagon, par-delà la barrière de corail, l’ultime étape d’une traversée de près de 70 kilomètres, empruntée chaque année par des milliers de candidats à l’exil.

L’arrivée est imminente pour lui et les 26 passagers de l’embarcation. Un kilomètre à peine les sépare du rivage. Mais c’est compter sans la vigilance des autorités françaises, occupées à surveiller les eaux du lagon. Zoubert et trois autres occupants du kwassa rapportent avoir alors été victimes d’un abordage violent. Selon leur récit, un bateau de la police aux frontières (PAF) serait volontairement entré en collision avec le leur, provoquant la chute à l’eau de plusieurs personnes, le tout sans sommation ni avertissement. « Les policiers devaient nous sauver, pas nous tuer », dénonce Zoubert, qui dit avoir vu une adolescente et un vieil homme se noyer.

Sollicité, le parquet de Mamoudzou, chef-lieu du département, confirme la mort d’une jeune femme et d’une personne âgée. Mais, d’après les données publiques compilées par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Sud océan Indien, responsable de la coordination des secours, sept autres personnes, outre les deux corps récupérés, auraient disparu en mer. L’information a été remontée aux autorités quelques heures après le naufrage. Interrogé sur ces bilans pour le moins différents, le parquet n’a pas donné suite.

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