la participation au premier tour s’élève à 25,9 % à midi, en hausse de plus de sept points par rapport à 2022

« Voter est un droit et un devoir. Et j’incite tous les jeunes à faire comme moi ». Lunettes de soleil sur le nez pour se protéger de la vive lumière du soleil de midi, Morgane Dennemont explique avec fougue qu’il « est encore temps de changer les choses pour la génération d’après ». La sienne, alors que « la situation sociale et sécuritaire en France est très compliquée ». Agée de 25 ans, cette ingénieure agroalimentaire sort de l’hôtel des postes, à Saint-Leu, commune balnéaire de l’ouest de La Réunion.

Dans ce bureau de vote installé dans un bâtiment colonial du XVII^e siècle, en moellons, pierre de taille et bois, qui trône sur la place principale, une quinzaine de votants patientent pour rejoindre un isoloir – signe d’une participation élevée. A midi à La Réunion (10 heures, heure de Paris), le taux de participation était de 16,72 %, selon la préfecture. Un chiffre supérieur à celui du premier tour des législatives de 2022, qui était de 12,70 % à la même heure. En hausse également par rapport à ceux des législatives de 2017 et de 2012.

D’ordinaire, la jeune femme vote pour le Rassemblement national (RN). Mais le candidat local ne lui convient pas. Ancien maire de la commune, ancien député divers droite, ancien président du conseil départemental, Jean-Luc Poudroux, 73 ans, n’incarne pas « le renouveau » réclamé par Morgane Dennemont. Deux autres candidats de la circonscription sont également des anciens élus. Plusieurs fois condamnés par la justice. « Il faut arrêter avec les anciens et laisser la place aux nouvelles générations. Notre île compte près de 900 000 habitants, il y a bien d’autres talents », tranche la Saint-Leusienne. Elle a préféré un jeune candidat local, Karim Juhoor, « sans étiquette et qui se bouge pour la ville, comme on le voit sur les réseaux sociaux ».

Le RN, avec Jordan Bardella, incarne, aux yeux de cette jeune ingénieure, ce « changement possible » qu’elle réclame, et qui passe par « la volonté de mettre des règles en place », de « remettre la France à la place où elle était avant ». « Etre français est une chance, et les gens n’en ont pas conscience, développe-t-elle. Nous sommes protégés. Il faut le préserver. Trop de gens abusent des aides et de notre générosité. Je ne suis pas contre les étrangers. J’ai travaillé à Avignon dans une usine de plats préparés, et ils étaient indispensables. Il faut seulement mettre des choses en place pour mieux les accueillir. Sinon la France devient un pays communautariste. » Depuis son premier vote, en 2017, elle « supporte » le RN, qui « n’est pas le Front national de Jean-Marie Le Pen ». « Je suis noire, et je ne voterais pas pour le RN si c’était un parti raciste », tient à préciser Morgane Dennemont.