Le battage qui accompagne depuis trois ans chaque édition de la foire d’art contemporain Art Basel Paris, comme l’ouverture de grandes fondations privées, ne doit pas masquer le doute profond qui s’est emparé de la scène artistique française. Le coup de mou des galeries, qui, à 85 %, affichent leur pessimisme sur l’avenir, la perte d’influence des artistes français ou travaillant en France, sans parler de leur cote sur le marché international, nourrissent un vague à l’âme.
Commandé en mars par la ministre de la culture, Rachida Dati, le rapport de Martin Bethenod, publié vendredi 25 juillet, en fait le constat. Selon une estimation du Comité professionnel des galeries d’art, à peine 1 % des artistes présentés sur la foire Art Basel Miami Beach, qui, chaque année, prescrit son goût à l’Amérique du Nord et du Sud, appartiennent à la scène française. Et d’après l’étude Wondeur IA-Le Quotidien de l’art, en 2023, 1 % seulement des artistes montrés dans toutes les galeries et institutions aux Etats-Unis ont la France comme port d’attache.
Avec son expérience du public et du privé, Martin Bethenod, ancien du Centre Pompidou, ex-délégué aux arts plastiques, directeur pendant douze ans du Palazzo Grassi de François Pinault après avoir animé la FIAC, préconise une reconfiguration de la scène française. Le travail commence par l’audace de hisser les couleurs. Pour certains critiques influents, la notion même d’artiste français éveillait le soupçon identitaire, alors que d’autres cultures revendiquaient davantage leur ancrage. « Parler d’artiste local, c’est infamant, d’artiste national, c’est soporifique. Un artiste n’existe pas s’il n’est pas un être international », ironisait voilà quelques années le critique d’art Paul Ardenne.
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