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Le Festival d’automne s’est fait une spécialité du portrait de compositeur réalisé à partir de diverses propositions artistiques, échelonnées sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années. Toutefois, celui consacré à Clara Iannotta présente une dimension particulière car il concerne la nouvelle responsable de la programmation « musique » du festival. Le passage de relais entre Joséphine Markovits, qui a occupé cette fonction pendant un demi-siècle, et la compositrice italienne de 41 ans ne pouvait pas s’effectuer dans un lieu plus symbolique que l’église Saint-Eustache, à Paris, où, de Luigi Nono à Wolfgang Rihm, en passant par Pierre-Yves Macé, les amateurs de musique contemporaine en immersion totale ont vécu d’inoubliables expériences.

Lire l’entretien Article réservé à nos abonnés Clara Iannotta, au Festival d’automne : « La musique est un miroir de ce que je ne vois pas, je me découvre à travers les sons »

Accessible jusqu’au 18 octobre, l’installation conçue par Clara Iannotta et Chris Swithinbank n’est pas moins synonyme de plénitude sonore et spirituelle. Les murs de l’église y ont vraiment des oreilles qui captent les bruits de la ville (engins à moteur, conversations) et, par le truchement de haut-parleurs logés dans les chapelles, en diffusent le filtrage opéré par les compositeurs. Sous les voûtes, un vrombissement cosmique donne l’impression que l’édifice est à ciel ouvert et que l’œuvre, I Listen to the Inward Through My Bones, revêt alors une double qualité, expansive autant qu’introspective.

Se mouvoir de l’intérieur vers l’extérieur – et vice versa – constituait aussi la marque des quatre œuvres interprétées à la Cité de la musique, à Paris, vendredi 11 octobre, lors d’un concert assuré par l’Ensemble intercontemporain. La première, They Left Us Grief-Trees Wailing at the Wall (page de 2020 révisée pour l’occasion), mobilise des modes de jeu insolites, bien dans la manière de la compositrice qui recourt à une utilisation généralisée de l’archet, moins pour frotter des cordes que pour frictionner les bords d’une boîte en carton ou sonder une plaque de tôle. Il en résulte une expression paradoxalement plus vocale qu’instrumentale, dans un registre plaintif qui confère à cette pièce l’âpre beauté d’un Lamento sans paroles mais non dénué d’images.

Raffinements infinis

D’ailleurs, on se dit que si Stanley Kubrick avait vécu assez longtemps pour connaître la musique de Clara Iannotta, il y aurait sans doute repéré l’accompagnement idéal de quelque scène d’un film, pas forcément dans le genre de l’épouvante comme avec Shining (où György Ligeti est promu musicien de l’horreur). De fait, l’exécution de la pièce suivante, Glass and Stone (création mondiale), requiert un écran.

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