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Lorsque, tout juste diplômé du baccalauréat, en 2020, Axel Griveau annonce à sa famille son désir de devenir croque-mort, personne n’y croit. Cette idée est pourtant très sérieuse et trouve ses racines dans un triste événement survenu quelques mois plus tôt, au début de la pandémie de Covid-19 : la mort de son arrière-grand-mère.

Au moment des adieux à cette aïeule qu’il aimait tant, il l’a trouvée « apaisée », grâce au travail des employés des pompes funèbres et en particulier à celui du thanatopracteur. De quoi le soulager dans son chagrin et l’encourager dans sa vocation. Celle de faire de la mort sa vie.

Parmi les nombreux métiers du funéraire, le jeune homme a choisi de se former à la thanatopraxie. Ce mot désigne les soins de conservation appliqués au corps du défunt afin d’en retarder l’inéluctable dégradation et en restaurer l’apparence naturelle pour les funérailles. D’après la Fédération nationale du funéraire, environ mille thanatopracteurs exercent sur l’ensemble de l’Hexagone.

« Rituel d’entrée » devenu « rituel de sortie »

Le recours à ces professionnels, loin d’être systématique, relève du choix des familles. En France, en 2018, 39 % des défunts ont fait l’objet de soins de conservation, selon un rapport d’information du Sénat de 2019. Un pourcentage en hausse constante depuis leur apparition, dans les années 1960-1970.

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« L’émergence de la thanatopraxie s’inscrit dans une évolution de nos représentations sociales de la mort, constate la sociologue Laurence Hardy, autrice d’une thèse sur l’évolution des attitudes autour de la mort en Bretagne. Avant les années 1960-1970, la toilette mortuaire effectuée sur le défunt était un rituel d’entrée : il fallait que ce dernier soit présentable devant Dieu mais sans aucun signe de transformation extérieure. Maintenant, avec les soins de conservation, nous sommes face à un rituel de sortie, car l’objectif est de permettre aux proches de garder une belle image de la personne décédée. »

Ce nouveau cérémonial, très encadré, ne se pratique pas sans certification. En effet, les aspirants au métier doivent obtenir le diplôme national de thanatopracteur. Accessible après le baccalauréat, il se divise en deux étapes. La première est un examen théorique sélectif organisé par le ministère de la santé, chaque année, en janvier. Pour pouvoir y accéder, les candidats doivent présenter une attestation de fin de formation théorique. La seconde est une évaluation pratique, à laquelle peut prétendre l’élève thanatopracteur après avoir réalisé au moins soixante-quinze soins de conservation auprès d’un maître de stage.

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