« Je veux prouver qu’on peut traiter de sujets sérieux en lançant une tarte à la crème sur scène pendant des heures », affirmait Tom Stoppard. Le dramaturge et scénariste britannique multiprimé aura consacré sa vie à revisiter le langage, nourrissant ses dialogues comiques de théories philosophiques ou scientifiques. A tel point que son art détourné de l’écriture a généré l’expression de « mécanique stoppardienne », où la logique mathématique côtoie l’absurde pour résoudre des problèmes existentiels. Chez Stoppard, lecteur assidu de Ludwig Wittgenstein, le moteur dramatique était bien caché sous le capot, telle une « équation » – il utilisait lui-même ce mot.
Homme d’esprit, Tom Stoppard est mort le 29 novembre à son domicile du Dorset, dans le sud-ouest de l’Angleterre, à l’âge de 88 ans. Né Tomas Sträussler, en Tchécoslovaquie, le 3 juillet 1937, il grandit dans une famille juive contrainte à l’exil du fait de l’avancée nazie. Le jeune garçon arrive en Angleterre à la fin de la guerre, après avoir vécu à Singapour et en Inde. Son père, médecin, est mort, tué par l’occupant japonais. L’enfant adoptera le nom du second mari de sa mère, Kenneth Stoppard, un officier britannique. Ses études sont brèves. Il quitte l’école à 17 ans et, après une éphémère carrière de journaliste et de critique, il fait ses premières incursions dans l’écriture avec des pièces pour la télévision.
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