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Histoires Web samedi, avril 27
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« Babar, c’est moi », disait-il parfois. Il n’avait pas inventé le célèbre éléphant à costume vert, mais repris et poursuivi l’œuvre de son père, le peintre Jean de Brunhoff, disparu en 1937. Laurent de Brunhoff est mort, vendredi 22 mars, chez lui, à Key West (Floride), des suites d’un accident vasculaire cérébral. Il avait 98 ans.

Il en a 5 le soir où sa mère, Cécile, raconte l’histoire d’un pachyderme qui perd la sienne et fuit vers une grande ville. L’inspiration vient à cette pianiste alors qu’elle cherche à distraire son fils cadet, Mathieu, d’une crise de foie. Les pleurs de l’enfant s’arrêtent, et l’aîné, Laurent, est lui aussi happé par le récit.

Le lendemain, les deux garçons parlent de l’enthousiasmant pachyderme à leur père, lequel se met à dessiner en les écoutant. Ensuite, il lui donne le nom de Babar, dont l’origine reste un mystère, et poursuit, avec Cécile, l’élaboration de ses aventures au côté de Céleste, sa femme, Arthur, le frère de celle-ci, la Vieille Dame, Zéphyr le singe, Cornelius le vieux sage… Il les dessine à l’encre de Chine et les colore par des à-plats d’aquarelle.

« Dans la grande forêt, un petit éléphant est né »

En 1931 paraît L’Histoire de Babar, le petit éléphant, avec ses fameuses phrases d’ouverture : « Dans la grande forêt, un petit éléphant est né. Il s’appelle Babar. Sa maman l’aime beaucoup. Pour l’endormir, elle le berce avec sa trompe en chantant tout doucement. » Le frère de Jean, Michel de Brunhoff, et leur beau-frère, Lucien Vogel, le publient aux éditions du Jardin des modes, qu’ils dirigent – la famille est en effet intimement liée à la vie éditoriale, journalistique, artistique et politique du XXsiècle, comme le raconte La Splendeur des Brunhoff, d’Yseult Williams (Fayard, 2018). Cécile ne souhaite pas que son nom apparaisse sur la couverture.

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Le succès de l’album, paru avant Noël, encourage Jean de Brunhoff à lui donner une suite. « Il existait alors très peu de livres pour les enfants, analysera, des décennies plus tard, Laurent. L’imagination et la poésie de mon père étaient nouvelles, ainsi que sa façon de dessiner, ni stylisée, ni réaliste. » Neuve est aussi sa manière de construire son récit par doubles pages, en variant le rythme et la taille des images qui s’y trouvent. Quand Jean meurt de la tuberculose, à l’âge de 37 ans, cinq volumes supplémentaires sont sortis, et les éditions Hachette ont racheté les droits au Jardin des modes. Il laisse deux albums inachevés, dont son fils de 12 ans, Laurent, achève la mise en couleur à l’instigation de ses oncles.

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