La mort de Jim Abrahams, coréalisateur de « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? »

Le grand public connaissait sans doute moins son nom que les comédies cultes qu’il a réalisées, ou coréalisées avec les frères David et Jerry Zucker, parmi lesquelles l’incontournable Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980). Né le 10 mai 1944 à Shorewood (Wisconsin), aux Etats-Unis, le réalisateur, scénariste et producteur américain Jim Abrahams est mort, le 26 novembre, à l’âge de 80 ans, des suites d’une maladie, dans sa résidence de Santa Monica (Californie). Il fut aussi brièvement acteur, au tout début de sa carrière, puis dans L’embrouille est dans le sac (1991), de John Landis.

Mais le nom de Jim Abrahams est surtout associé au sigle « ZAZ », du nom du trio qu’il forma avec les frères Zucker. Deux « Z » et un « A » comme « Abrahams » : le trio devint une véritable marque de fabrique, un peu comme le fut en France la troupe du Splendid, fondée dans les années 1970 par Christian Clavier, Josiane Balasko, Michel Blanc et les autres.

Depuis l’annonce du décès de Jim Abrahams, visage fin cerclé de lunettes épaisses, des extraits de films tournent en boucle, ravivant le souvenir de cet humour régressif et potache qui faisait la signature du ZAZ, telle cette scène de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? où l’hôtesse de l’air (jouée par Julie Hagerty) apprend qu’elle doit gonfler le pilote automatique à partir du « tuyau » situé « sous la ceinture » du bonhomme, ou lorsque sont captés en gros plan les seins d’une passagère qui s’agitent au rythme des secousses de l’avion, alors que celui-ci est en train de plonger – le film enregistra en France près de 3 millions d’entrées en salle.

Un carton au box-office

L’actrice Julie Hagerty rempilera dans le second volet, Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ? (1982), réalisé par Ken Finkleman, dans lequel le ZAZ ne fut pas impliqué. De même, grâce à cette parodie de film catastrophe, où il interprète un médecin, l’acteur américain Leslie Nielsen (1926-2010) verra sa carrière décoller et continuera de jouer le comique gaffeur dans la série télévisée Police Squad (1982) du même trio, puis dans une brochette de films commençant par « Y a-t-il un flic… » – dont le premier, Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988), a été réalisé par David Zucker, d’après un scénario du ZAZ.

Les frères Zucker et Jim Abrahams se sont connus sur les bancs de l’école, dans le Wisconsin. Les trois garçons ont poursuivi leurs études dans l’université du même Etat puis ont fondé, en 1971, le Kentucky Fried Theater, une déclinaison du nom d’une chaîne de fast-food américaine. Forts du succès de leurs sketchs (parodies d’émissions, de publicités…), ils partent pour Los Angeles. Leur premier scénario, The Kentucky Fried Movie (1977), sera finalement réalisé par John Landis, après de nombreux rebondissements. Ce film à sketchs avec un certain nombre de stars (George Lazenby, Bill Bixby, Donald Sutherland…) fera un carton au box-office.

Parodie de « Top Gun »

C’est ensuite le studio Paramount qui produira leur second hit, Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, dont le scénario est largement inspiré du film de catastrophe aérienne A l’heure zéro (1957). Le temps d’un vol Los Angeles-Chicago, le récit mêle une histoire d’amour – entre l’hôtesse de l’air Elaine Dickinson et un passager, Ted Striker, ancien pilote de chasse pendant la guerre, qui cherche à reconquérir celle-ci – et une intoxication alimentaire qui va mettre à mal le capitaine de bord. Le collectif ZAZ sera également aux manettes de Top Secret ! (1984), une production américano-britannique, dont ils sont les réalisateurs, une parodie de film d’espions sur fond de guerre froide entre l’Occident et le bloc soviétique.

Jim Abrahams a également mené une partie de sa carrière en solo, réalisant notamment Quand les jumelles s’emmêlent (1988), puis Hot Shots ! (1991) – parodie de Top Gun (1986), de Tony Scott, avec Tom Cruise. Suivra le second volet, Hot Shots ! 2 (1993), cette fois-ci inspiré notamment de Rambo 3 (1988), de Peter MacDonald, avec Sylvester Stallone. Il tournera ensuite un film de mafia italienne, Le Prince de Sicile (1998), l’histoire de l’ascension d’un fils de parrain émigrant aux Etats-Unis au début du XX^e siècle. Son dernier film en tant que réalisateur.