Son nom est d’abord lié à un classique éternel de la musique soul, Only the Strong Survive (« seuls les forts survivent »). Derrière cet inquiétant titre darwinien, un affectueux conseil donné jadis au narrateur par sa mère pour qu’il se remette de la fin de son premier amour.
Publiée en 1968, cette chanson fut le plus grand succès de Jerry Butler, dont la carrière, commencée dix ans plus tôt au sein du groupe de rhythm’n’blues The Impressions, aura de fait connu une exceptionnelle longévité. Atteint de la maladie de Parkinson et mort le 20 février à Chicago à l’âge de 85 ans, ce baryton à la voix douce et suave était un des derniers témoins de l’âge d’or des transformations des musiques noires, de gospel en doo-wop et de rhythm’n’blues en soul.
Avec son chœur d’office dominical et ses cordes luxuriantes, Only the Strong Survive posa les jalons de ce qui allait être connu dans les années 1970 comme le « son de Philadelphie », force bientôt dominante de la soul et annonciatrice du disco. Jerry Butler l’avait en effet enregistré en Pennsylvanie, aux studios Sigma Sound, et composé avec deux producteurs dont on n’allait plus cesser de parler, Kenny Gamble et Leon Huff. Le hit fut aussitôt repris par Elvis Presley, puis en 1977 par Billy Paul, une des stars du « Philly Sound ». Il a encore baptisé en 2022 l’album de reprises consacré au répertoire soul par Bruce Springsteen, un fan de Jerry Butler puisqu’il lui rend une deuxième fois hommage en interprétant Hey, Western Union Man.
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