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Histoires Web mardi, novembre 26
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Née en mai 1948, la comédienne Jany Gastaldi, que le metteur en scène Antoine Vitez a dirigée à quinze reprises de 1971 à 1987, est morte, le 24 novembre, à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer.

L’actrice s’était faite rare sur les planches. Depuis 2011 et son rôle de Philaminte, dans Les Femmes Savantes, de Molière (mise en scène de Marc Paquien), elle n’était plus sollicitée. Quelques enregistrements de fictions pour la radio, une voix off en 2024, dans Palais, un montage de textes proposé par Matthieu Marie, voilà tout. « Pour beaucoup d’entre nous, elle était la Doña Sol de Hernani et la Doña Musique du Soulier de Satin. Deux rôles inoubliables, témoigne Marc Paquien. Mais la nouvelle génération d’artistes, qui ne la connaissait pas, ne l’avait vue ni dans le drame de Victor Hugo [1985] ni dans celui de Paul Claudel [1987], est passée à côté d’elle. »

Quel dommage de s’être privé de cette voix singulière au phrasé sensuel et chantant, de ce regard coquin sous la tignasse brune, de ce corps pas bien grand, d’une énergie saisissante, de cette présence intense et offerte. Saluée en 1990 d’un Prix de la meilleure comédienne décerné par le Syndicat de la critique, Jany Gastaldi ne boudait pourtant pas le théâtre, contemporain ou classique. Dans sa biographie, les noms d’auteurs en disent long sur un appétit de jeu éclectique. Michel Vinaver, Philippe Minyana, Botho Strauss, Jean Genet y côtoient le fin du fin du répertoire : Shakespeare, Beaumarchais, Corneille et aussi Marivaux, travaillé, en 1973, avec Patrice Chéreau, qui la dirige dans La Dispute.

« Nature de tragédienne »

Dès 1971, dans Le Monde, Bertrand Poirot-Delpech soulignait en quelques lignes serrées l’évidence du talent de l’actrice. La débutante, 23 ans seulement, vient de rallier les plateaux d’Antoine Vitez qui a été son professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Distribuée dans le rôle d’Hermione (Andromaque, de Racine), elle révèle déjà, selon Bertrand Poirot-Delpech, « une nature de tragédienne, à la fois frêle et tenace, tout en nerfs et déjà très maîtrisée ». Tragédienne, c’est vrai, elle l’était, mais aussi malicieuse, ironique, aimant rire et faire rire. « Il ne faut pas oublier à quel point elle savait être drôle », insiste Marc Paquien.

Lire aussi l’archive (1971) | Article réservé à nos abonnés « Andromaque », de Racine MISE EN SCÈNE PAR ANTOINE VITEZ

Avec Vitez, le compagnonnage est exemplaire. Elle est de toutes ses aventures. Jany Gastaldi le suit au Festival d’Avignon, où elle arpente trois des quatre pièces de Molière qu’il déroule dans un marathon de légende (Dom Juan, Le Misanthrope, Le Tartuffe, 1978). Plus tard, elle participe à la création (toute aussi iconique) du Soulier de satin (1987). Une traversée de la nuit sous les étoiles de la Cour d’honneur du Palais des papes qui la voit pour la seule fois de sa vie s’attaquer à la prose de Claudel.

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