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Histoires Web dimanche, mars 2
Bulletin

J’ai passé une bonne partie de la journée du mercredi 19 février à penser à Frankétienne, sans trop savoir pourquoi. Je me rappelle avoir songé à son âge : « Tiens, l’année prochaine, Franck aura 90 ans. Déjà ! » Le lendemain, au réveil, j’apprends la nouvelle de sa mort à Port-au-Prince, à deux mois de ses 89 ans. « Il était venu te dire au revoir », a relevé une amie haïtienne. Je n’ai jamais versé dans le mysticisme, mais avec lui, on ne peut jurer de rien. L’homme était capable de tout. Se déclarer immortel un jour, et la nuit suivante, écrire ces vers sublimes : « Tout passe/tout s’en va/le bruit autant que le silence. /Hormis quelques traces de mémoire fugace/comme un parfum du temps/qui s’envole avec un léger bruissement d’éternité. »

Tout l’homme et l’artiste tiennent dans ce tiraillement entre la conscience de l’éphémère et un besoin rageur d’éternité. « Mégalomane génial », selon son propre mot, qui n’hésitait pas à parler de lui à la troisième personne, il disait avoir hérité, à sa naissance, du nom de Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Etienne d’Argent, avant d’y ajouter Foukifoura, le titre d’une de ses pièces de théâtre, créée en 2000.

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