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Histoires Web mardi, novembre 19
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Sans le vouloir, Celeste Caeiro a donné son nom à la « révolution des œillets » qui mit fin à quatre décennies de dictature salazariste au Portugal. Cinquante ans plus tard, cette femme de 91 ans, qui, le 25 avril 1974, distribua spontanément ses fleurs aux jeunes officiers postés dans Lisbonne, s’est éteinte, vendredi 15 novembre, d’une insuffisance respiratoire, dans un hôpital de Leiria, au nord de la capitale portugaise.

« Celeste aux œillets », comme elle fut surnommée par la suite, travaillait dans un restaurant situé dans le centre de Lisbonne lorsque, le matin du 25 avril, des militaires prirent position dans des lieux stratégiques de la capitale portugaise. Ils entendaient mettre fin à un régime autoritaire usé et contesté qui, depuis treize ans, les condamnait à lutter sur le front de trois interminables guerres coloniales en Afrique (au Mozambique, en Angola et en Guinée-Bissau).

Ce jour-là, le patron du restaurant où elle travaillait avait prévu de distribuer des œillets aux clients pour fêter le premier anniversaire de son établissement, le Sir, rue Braamcamp, dans le quartier de Principe Real, au centre de la capitale. Face aux événements qui couvaient, il renvoya ses employés chez eux et leur donna les œillets. Munie de son bouquet, Celeste Caeiro prit le chemin de sa modeste demeure du quartier du Chiado, sur les bords du Tage, où cette mère célibataire vivait avec sa fille.

Une « bonne chose »

En chemin, elle vit des chars du Mouvement des forces armées (MFA), créé en 1973 et à l’origine de la sédition. Intriguée, elle alla interroger un soldat, afin de savoir ce qu’il se passait. Le militaire lui expliqua alors leur intention de se rendre dans la caserne du Carmo, un ancien couvent devenu le siège du commandement général de la gendarmerie portugaise. C’est là que s’était réfugié Marcelo Caetano, dernier président du conseil de l’Estado Novo, l’« Etat nouveau », le régime dictatorial instauré en 1933 par Antonio de Oliveira Salazar, mort en 1970. « C’est une révolution ! », ajouta le jeune homme, avant de lui demander une cigarette. A défaut, elle lui offrit un œillet rouge. Il le mit à la pointe de son fusil…

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Celeste Caeiro savait qu’il apportait une « bonne chose », et elle « n’avait rien à lui offrir » en retour, expliqua-t-elle au quotidien lisboète Diario de noticias, plus tard, cette année-là. Elle continua son chemin en distribuant à d’autres militaires les fleurs qu’elle portait. Son geste, suivi par des fleuristes de la ville, devint vite le symbole d’une révolution pacifique, menée par de jeunes officiers, et soutenue par le peuple portugais. Le symbole aussi d’un printemps qui apporta la liberté et la démocratie dans le pays. Une révolution qui ouvrit ainsi la porte, dix ans plus tard, à l’adhésion du Portugal à la Communauté économique européenne (future Union européenne).

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