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Histoires Web samedi, juillet 27
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L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Les jeunes filles s’ennuient et font des rêves morbides dans la France de 1967. C’est le cas de Françoise (interprétée par Léonie Dahan-Lamort, une révélation), qui, avec son amie Delphine, fait le mur de l’internat religieux où elle étouffe et doit se soumettre à la discipline de religieuses peu amènes. Les deux adolescentes vont rejoindre une fête organisée par des garçons du coin, dans une vaste et mystérieuse maison, comme abandonnée au cœur de la forêt.

Dit comme ça, cela ne fait pas vraiment envie. Non, le premier long-métrage de Romain de Saint-Blanquat n’est pas une énième fiction naturaliste, « d’époque », décrivant banalement l’apprentissage et le passage à l’âge adulte d’une adolescente. C’est plus et bien mieux que cela. C’est un voyage au bout de la nuit et de la psyché d’une jeune fille, un voyage qui choisit de s’écarter régulièrement de toute volonté purement réaliste pour atteindre une dimension magique, surnaturelle, dénuée de toute ironie et de tout surplomb.

Le fracas et les flammes

Au début de leur odyssée, les deux amies se font conduire par un inconnu qui vole une voiture pour les emmener vers le lieu d’un bal improvisé. L’alcool, la musique, les rencontres, faites d’une agressivité sexuelle à peine dissimulée, dessinent un univers au cœur duquel la jeune fille, belle comme une héroïne de film muet, se verra confrontée à ses propres désirs. Françoise est encore vierge, Delphine ne l’est plus. Comment passer de l’autre côté ? Vite et bien. Les hommes croisés durant cette nuit sont tous autant de modèles, à la fois séduisants et effrayants, autant d’incarnations de fantasmes confus et contradictoires. La maturité fascinante (le conducteur), la normalité (le copain de Delphine), le danger (le motocycliste bad boy), le mystère et le romantisme (celui, presque un enfant, qui prétend être un vampire) sont autant de voies possibles vers l’état adulte. Et c’est la plus poétique qui s’imposera, dans le fracas et les flammes.

Mais La Morsure peut aussi être considéré comme un film politique particulièrement opportun. Si le récit est symboliquement situé en 1967, c’est qu’il tente vraisemblablement de renvoyer à un temps où les structures d’enfermement et de contrôle (les pensionnats de jeunes filles, le service militaire pour les garçons, autant de réalités évoquées) n’avaient pas encore été suffisamment ébranlées par les soubresauts d’une société qui allait être, quelques mois plus tard, spectaculairement remise en question.

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