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Avec une cérémonie tournée vers les arts, Arras, la foule, plusieurs ministres et des proches ont rendu hommage dimanche 13 octobre à Dominique Bernard, le professeur tué il y a un an, jour pour jour, par un ancien élève radicalisé islamiste. La cérémonie a commencé à 11 heures, moment symbolique où Dominique Bernard, 57 ans, a été tué le 13 octobre 2023 de plusieurs coups de couteau par Mohammed Mogouchkov, Russe originaire d’Ingouchie, alors âgé de 20 ans.

« Il y a un an, l’attentat d’Arras retentissait dans la France tout entière, l’attentat d’Arras retentissait dans le monde entier. Nous étions suffoqués, nous étions choqués, nous étions dans l’incompréhension, a déclaré le maire de la ville, Frédéric Leturque. Un an plus tard, nous nous devions d’être là. Un an plus tard, nous lui devions d’être là. Un an plus tard, nous sommes ensemble, toujours debout. »

En présence de plus de 2 000 personnes, la cérémonie s’est tenue sur la place des Héros d’Arras (Pas-de-Calais), à l’endroit même où plusieurs milliers de personnes s’étaient déjà réunies deux jours après l’assassinat du professeur. Pensée avec les proches de l’enseignant comme une « séquence mémorielle culturelle », selon le maire d’Arras, la cérémonie a inclus différentes performances artistiques, d’une interprétation du quatuor K.285 de Mozart à celle d’une chanson de Damien Saez, Les Enfants Paradis.

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« Je ne veux plus de discours. Tout a été dit »

Une artiste française dessine une fresque en direct lors de la cérémonie de commémoration à Dominique Bernard, le 13 octobre 2024, à Arras.

« J’atteste qu’il n’y a d’être humain que celui qui combat sans relâche la haine en lui et autour de lui », a lu un ami de Dominique Bernard, reprenant un texte du poète marocain Abdellatif Laâbi. Sur scène, une artiste a réalisé en direct une grande toile représentant une colombe s’envolant au-delà d’une forme bleu-blanc-rouge et des mots « Liberté, égalité, fraternité ».

Ont également figuré au programme des lectures de poèmes et de la danse contemporaine, qui visaient à mettre « en lumière les valeurs de la République, la liberté et le vivre-ensemble », avait souligné Frédéric Leturque. Le maire est le seul à avoir pris la parole, malgré la présence de plusieurs membres du gouvernement, dont les ministres de la justice, Didier Migaud, de l’intérieur, Bruno Retailleau, et de l’éducation nationale, Anne Genetet.

« Je ne veux plus de discours. A quoi bon ? Tout a été dit », expliquait Isabelle Bernard au Monde. « Il est hors de question » qu’il y ait une récupération politique, affirme-t-elle aussi à La Voix du Nord, dans une autre interview également parue samedi. Le chef de l’Etat a tout de même salué sur X le « courage », le « combat » et l’« amour du métier de professeur » de Dominique Bernard. « Tant de Français ont reconnu en lui l’un de ces enseignants qui changent nos vies », a ajouté Emmanuel Macron, estimant que « la République vit, à chaque aube, à chaque leçon, à chaque cours, grâce à eux [les professeurs] ».

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Une minute de silence dans les lycées et collèges lundi

« Quelle plus belle réponse que des musiciens, des comédiens, des danseurs », continue-t-elle auprès de La Voix du Nord, ajoutant que les autres victimes du 13 octobre 2023 « ont aussi participé, par leurs idées, à construire cet hommage ». Un autre professeur et deux agents de la cité scolaire avaient été blessés. Objectif : « Défendre les valeurs humanistes défendues par Dominique (…) pour faire avancer les jeunes, pour éviter que des crimes aussi injustes soient de nouveau commis. » C’est dans cette optique qu’elle a créé, au nom de son mari, un prix littéraire pour nouvelles écrites par des adolescents. Sa première édition, ouverte aux élèves de 4e, 3e et 2de d’Arras et de ses environs, a pour thème la tolérance.

Dominique Bernard avait enseigné pendant vingt-cinq ans au sein de l’établissement où il a trouvé la mort. « Amoureux de la littérature, il aimait transmettre cet amour à ses élèves », se souvient sa sœur Emmanuelle Delatte dans un entretien à l’hebdomadaire chrétien Le Pèlerin, paru mercredi. « Il considérait que la lecture et l’écriture contribuent à faire de nous des êtres libres », poursuit-elle.

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Une minute de silence sera observée lundi dans les collèges et lycées de France en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie également assassiné par un islamiste radicalisé le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Lorsqu’ils avaient appris l’assassinat de Samuel Paty, Isabelle Bernard se souvient que son mari et elle-même avaient pris « conscience de [leur] vulnérabilité ». « Qui sera le prochain ? Parce qu’il y en aura un », lui avait-elle dit.

Le Monde avec AFP

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