Le Beau Danube bleu, valse omniprésente dans 2001 : l’odyssée de l’espace, sera diffusé dans l’espace, samedi 31 mai, pour marquer le bicentenaire de la naissance du compositeur autrichien Johann Strauss II. Concrètement, la musique sera jouée à 21 h 30 par l’Orchestre symphonique de Vienne depuis le Musée des arts appliqués, explique Josef Aschbacher, le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA) derrière le projet, à l’Agence France-Presse.
Le concert, diffusé sur Internet, doit aussi être retransmis en direct lors d’une projection publique dans le Bryant Park de Manhattan à New York, ainsi que sur la plage bordant le canal du Danube dans la capitale autrichienne. « Le son est numérisé » et « envoyé à la grande antenne parabolique d’environ 35 mètres de la station de Cebreros en Espagne » et de là, « il est transmis sous forme d’ondes électromagnétiques », détaille l’astronome, lui-même autrichien. Une performance sans but scientifique, pour une fois, et purement artistique, qui vient également célébrer le cinquantième anniversaire de l’ESA, située à Paris.
L’idée a germé à l’office du tourisme de Vienne pour honorer le roi de la valse, né le 25 octobre 1825 dans l’empire austro-hongrois. Les 13 743 notes du Beau Danube bleu rythment le voyage dans les étoiles du film de Stanley Kubrick du même nom sorti en 1968, rappelle son directeur Norbert Kettner, pour qui c’est devenu le « véritable hymne officieux » de l’univers.
Vitesse proche de la lumière
Fredonnée dans le monde entier, cette bande-son est aussi programmée « lors de diverses manœuvres d’arrimage de la Station spatiale internationale ». « C’est le son typique de l’espace », car il y a un soupçon d’apesanteur dans sa mesure à trois temps, révèle le responsable de l’Orchestre symphonique de Vienne, Jan Nast. « On a une technique particulière : le deux est joué un peu plus tôt, le trois un peu plus tard. »
Un style aérien, typique de Strauss fils, qui fait s’envoler les notes et donne aux partitions des airs de fête insouciante et une impression de flottement. Une langue « qui touche tellement de gens » et a « le pouvoir universel de transmettre l’espoir et la joie », s’enthousiasme le musicien qui a programmé le concert d’une bonne heure.
Pas de couac autorisé : une fois transmis, le signal va partir sans retour possible à une vitesse proche de celle de la lumière et atteindra Voyager 1, la sonde actuellement la plus éloignée de la Terre, au bout de vingt-trois heures et trois minutes. Avant de continuer son voyage intersidéral dans des profondeurs inconnues et d’atteindre, dans quatre ans, le système stellaire le plus proche, Alpha du Centaure.
La valse viennoise rejoint la collection musicale envoyée par la NASA en 1977 vers Voyager 1 et sa jumelle Voyager 2. La Flûte enchantée de Mozart, aussi autrichien, avait été incluse parmi les 27 titres considérés comme les plus marquants de l’histoire de l’humanité et compris dans le disque d’or de Voyager. Mais pas le « tube » de Strauss fils. Une lacune désormais comblée par la capitale mondiale de la musique.