Meilleures Actions
Histoires Web jeudi, avril 17
Bulletin

Un juge fédéral a sommé, mardi 8 avril, la Maison Blanche de rétablir le plein accès de l’agence Associated Press (AP), pilier du journalisme aux Etats-Unis – il est suspendu depuis deux mois –, jugeant inconstitutionnelle son exclusion en raison de divergences d’opinions avec l’administration Trump.

Lire aussi | L’administration Trump va changer les règles d’accès des médias à la Maison Blanche pour l’ouvrir à des journalistes sélectionnés par l’exécutif

AP a été notamment exclue du bureau Ovale et de l’avion présidentiel Air Force One en février pour son refus de se conformer à la nouvelle appellation du golfe du Mexique, rebaptisé « golfe d’Amérique » par un décret signé par Donald Trump.

Le juge Trevor McFadden a conclu que l’exclusion pour ce motif est « contraire au premier amendement » de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse et d’expression. Le tribunal « considère simplement qu’en vertu du premier amendement, si le gouvernement ouvre ses portes à certains journalistes, (…) il ne peut pas fermer ces portes à d’autres journalistes à cause de leurs opinions », explique-t-il.

« Hémorragie économique »

Le magistrat a balayé les arguments de l’administration Trump selon laquelle l’agence revendiquerait « un accès privilégié ». « Tout ce que veut AP et tout ce qu’elle obtient, c’est d’être traitée sur un pied d’égalité » par rapport à ses concurrents, a affirmé le juge Trevor McFadden, soulignant qu’il n’ordonnait pas à l’administration de « lui accorder un accès permanent au bureau Ovale » ou à d’autres lieux cruciaux de la Maison Blanche ni « un traitement particulier ».

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Donald Trump et les médias : une stratégie de la confrontation, entre saturation tonitruante et pressions inédites

« AP a connu une hémorragie économique ces deux derniers mois et sans décision de justice en sa faveur, sa situation ne fera que s’aggraver à mesure que ses clients l’abandonnent pour d’autres médias », souligne le juge McFadden. En conséquence, il enjoint l’administration Trump de « lever immédiatement l’exclusion d’AP du bureau Ovale, d’Air Force One et d’autres espaces limités en raison de l’opinion d’AP lorsque de tels espaces sont ouverts aux autres membres du pool de presse de la Maison Blanche ».

Dans une note éditoriale, AP a expliqué que le décret présidentiel américain changeant le nom du golfe du Mexique en « golfe d’Amérique » ne faisait autorité qu’aux Etats-Unis, tandis que le Mexique et d’autres pays et institutions internationales n’étaient pas tenus de s’y conformer. « Associated Press y fera référence par son nom d’origine tout en reconnaissant le nouveau nom choisi par Trump », a poursuivi l’agence, rappelant que le golfe du Mexique portait « ce nom depuis plus de quatre cents ans ».

Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « La presse libre ne peut céder à la Maison Blanche le droit de décider des mots qu’elle emploie pour décrire la réalité »

L’agence AP, fondée en 1846 par des journaux new-yorkais, emploie plus de 3 000 personnes à travers le monde. Elle a publié plus de 375 000 articles, 1,24 million de photos et 80 000 vidéos, selon ses chiffres pour 2023.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.