Sa place était déjà réservée sur un vol Paris-Beyrouth dimanche, mais Georges Ibrahim Abdallah devra encore attendre avant de rentrer au Liban après plus de quatre décennies de détention. La cour d’appel de Paris a ajourné au 19 juin, jeudi 20 février, sa décision sur la libération du militant propalestinien condamné en 1987 pour complicité d’assassinats de deux diplomates américain et israélien en France.
Tout en validant le principe de sa libération conditionnelle décidé en novembre 2024, la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris a estimé qu’« en l’état il n’est pas possible » d’y « faire droit ». A la surprise générale, elle a ajouté une condition, « en dépit d’une très longue incarcération », jugeant « nécessaire » qu’il « s’acquitte à raison de ses facultés contributives des dommages et intérêts » qu’il doit verser aux parties civiles, selon un communiqué du parquet général. La cour a ainsi jugé « opportun d’ajourner la décision afin de permettre au condamné de justifier dans ce délai d’un effort conséquent d’indemnisation des parties civiles ».
Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, a dénoncé à la sortie de l’audience « une mesquinerie juridique ». « Je n’ai jamais vu une décision dans ce sens-là », explique-t-il, parlant de « torture morale ». « Georges Ibrahim Abdallah a toujours dit, et moi avec, que jamais il n’indemnisera les Etats-Unis qui envoient les bombes sur les enfants palestiniens et libanais, c’est clair, c’est net, c’est précis », a déclaré l’avocat. Me Chalanset a toutefois esquissé une possible solution : son client « avait dit que si l’Etat libanais payait, il accepterait, donc je vais demander à l’Etat libanais de le faire ».
Convictions « intactes »
Agé aujourd’hui de 73 ans, Georges Ibrahim Abdallah a été condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité d’assassinat, en 1982, de deux diplomates, l’attaché militaire adjoint américain Charles R. Ray et le deuxième secrétaire de l’ambassade israélienne Yacov Barsimentov. Il est libérable depuis vingt-cinq ans en raison de la longévité de sa peine. Mais plus d’une dizaine de demandes de libération ont échoué depuis 1999, notamment en raison du refus du gouvernement, sous pression de l’administration américaine, de l’expulser.
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