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Dans son combat pour sauver les poissons migrateurs qui circulent encore sur le littoral français – saumons, aloses, lamproies, anguilles qui déclinent à vitesse accélérée –, l’association Défense des milieux aquatiques (DMA) vient de remporter une nouvelle manche devant le tribunal administratif de Pau. Le 28 octobre, les juges ont annulé le cahier des charges signé par les préfets des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, qui devait régir les conditions de pêche de ces espèces à l’embouchure de l’Adour jusqu’en 2027.

Toujours à la demande de DMA, le tribunal administratif de Bordeaux en a fait autant le 16 mai : il a annulé l’arrêté préfectoral permettant la capture du saumon Atlantique et de l’alose dans l’estuaire de la Gironde. Quant à la lamproie, la pêcher est totalement interdit depuis 2023, compte tenu de son état de conservation alarmant. Cette décision prise au nom du principe de précaution avait elle aussi été obtenue à la suite d’une plainte d’une quinzaine d’associations.

Au cours de leurs longs périples, les poissons amphihalins – qui arrivent de la mer et tentent de remonter les fleuves pour s’y reproduire ou bien à l’inverse dévalent les rivières pour frayer dans l’océan – sont confrontés à bien des épreuves et doivent supporter une qualité d’eau qui se réchauffe et se dégrade. Or en arrivant à l’embouchure des fleuves français, les voilà nez à nez avec un obstacle redoutable supplémentaire : le filet dérivant. Cet engin de pêche particulièrement efficace se présente comme un rectangle qui peut mesurer jusqu’à 180 mètres de long et 6 mètres de large. Il est doté de flotteurs, ce qui lui permet de barrer le cours d’eau sous la surface, précisément à la hauteur où circulent les poissons, tout en se balançant dans le courant des marées.

Obtenir des indemnités

Seuls les professionnels sont autorisés à employer un filet dérivant. Ils sont dix-sept actuellement à le manier dans la partie maritime de l’Adour, tandis qu’une trentaine, généralement à temps partiel, opère à une vingtaine de kilomètres en amont. Des effectifs réduits mais pas sans impact. « Ainsi équipé, sur son embarcation de 6 ou 7 mètres, un homme seul peut mener son opération de pêche en vingt à quarante minutes », assure Philippe Garcia, président de DMA.

Le militant qui multiplie les procédures depuis cinq ans, se réjouit de voir que pour la première fois le tribunal administratif de Pau a pris en compte le caractère particulier de l’estuaire classé Natura 2000 qui relève donc de la directive Habitats de l’Union européenne. La protection de cette « zone spéciale de conservation » pour la faune et la flore implique au minimum de réaliser une évaluation des incidences d’une pratique « susceptible d’affecter de manière significative » les aloses et les saumons, affirment les juges.

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