L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
C’est une descente aux enfers, un voyage terrifiant, un horrible cauchemar que décrit La Jeune Femme à l’aiguille, de Magnus von Horn, réalisateur suédois basé en Pologne. Ce film gothique prend la forme d’un conte macabre pour adultes, peuplé de gueules cassées, de sorcières et de monstres pour raconter le funeste destin des bébés non désirés. Et, plus largement, celui de personnes refoulées, dans un monde qui a perdu son âme au lendemain de la première guerre mondiale.
La photographie de Michal Dymek (EO, de Jerzy Skolimowski, 2022) et les décors de Jagna Dobesz (Sweat, de Magnus von Horn, 2022) façonnent en noir et blanc une ville enchevêtrée, qui se déplie en dédales de ruelles, avec des recoins et des trous, où les petits corps dont personne ne veut viennent mourir. Pour ajouter à l’angoisse, le cinéaste superpose des visages distordus, par les cris et l’effroi, sur la partition grinçante de Frederikke Hoffmeier (musicienne expérimentale danoise dont le nom de scène est Puce Mary). Tout cela peut paraître arty, creux, misérabiliste et froid, mais cela confère à l’ensemble une force d’abstraction qui touche au sacré et finit par toucher.
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