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Simone Biles est l’une des athlètes les plus respectées des Etats-Unis, la gymnaste la plus titrée de l’histoire, avec ses 11 médailles olympiques – dont sept en or – et 30 mondiales. Ses prises de parole ne passent pas inaperçues. A fortiori quand elles concernent un sujet brûlant outre-Atlantique. Dans un message posté sur le réseau social X, samedi 7 juin, la Texane de 28 ans s’est attaquée à sa compatriote Riley Gaines, âgée de 25 ans, l’une des égéries du combat contre la présence des athlètes transgenres dans les compétitions féminines, qu’elle accuse de harceler ces sportives.

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Simone Biles réagissait à un post de la nageuse mis en ligne un peu plus tôt sur le même canal. Riley Gaines revenait alors sur la décision de la Minnesota State High School League, une association chargée de soutenir et de superviser les activités interscolaires dans les lycées de cet Etat du Midwest frontalier du Canada, de désactiver les commentaires sous une publication célébrant l’équipe de softball du lycée Champlin Park, vainqueure du championnat local. « Commentaires désactivés lol [“laughing out loud”, rires]. C’est normal quand votre joueuse vedette est un garçon », écrivait Riley Gaines.

Pourtant peu coutumière des joutes numériques, la gymnaste l’a alors directement vilipendée. « Tu es vraiment malade. Toute cette campagne parce que tu as perdu une course. Tu es une mauvaise perdante, tout simplement, l’apostrophe Simone Biles. Tu devrais soutenir la communauté transgenre et peut-être trouver un moyen de rendre le sport plus inclusif OU créer une nouvelle voie où les personnes transgenres se sentent en sécurité dans le sport. Peut-être une catégorie transgenre DANS TOUS les sports ! Mais au lieu de cela… Tu les persécutes. Une chose est sûre : personne dans le monde du sport n’est en sécurité avec toi dans les parages ! »

Figure des médias de droite

Le 18 mars 2022, alors qu’elle était alignée sur le 200 yards (182,88 mètres) nage libre aux championnats universitaires, Riley Gaines avait fini 5e, à égalité avec Lia Thomas, une athlète transgenre qui, pendant les années précédant la pandémie de Covid-19, concourait chez les hommes. Or, avait raconté la jeune femme un an plus tard devant les élus du Congrès du Texas, « n’ayant qu’un seul trophée [pour la 5e place], la NCAA [National Collegiate Athletic Association, la fédération de sport universitaire américaine] m’a[vait] dit que je rentrerais chez moi les mains vides ». La récompense avait été remise à sa concurrente, Riley Gaines ayant reçu la sienne par La Poste.

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La nageuse, qui, à cette occasion, avait fait part de son humiliation de devoir partager, sans avoir été prévenue, les vestiaires avec Lia Thomas, qu’elle décrit comme un « homme de 22 ans d’un mètre quatre-vingts entièrement intact, avec des organes génitaux masculins », est depuis devenue une figure incontournable des médias de droite. Elle se trouvait aux côtés de Donald Trump lorsqu’il a signé, au début du mois de février, un décret interdisant aux athlètes transgenres de concourir en compétition dans les catégories féminines.

Riley Gaines a été, à de multiples reprises, critiquée par les défenseurs de la communauté LGBTQ+ pour avoir nommément fustigé, sur les réseaux sociaux, des sportives concernées, souvent mineures. Cela a été le cas de la lanceuse de l’équipe de softball de Champlin Park, la nageuse publiant plusieurs messages en utilisant par ailleurs des pronoms masculins pour la désigner.

Dans un contexte de vives tensions sur le sujet aux Etats-Unis, les propos de Simone Biles ont provoqué des réactions virulentes au sein des milieux conservateurs, certains l’accusant de « prendre le parti des hommes », d’autres évoquant un discours contradictoire, dans la mesure où la gymnaste avance comme piste la création d’une « catégorie transgenre ».

Les partisans de la championne l’ont, quant à eux, félicitée d’avoir utilisé sa notoriété pour défendre les athlètes marginalisés et s’opposer à ce qu’ils considèrent comme du harcèlement et de la stigmatisation. Simone Biles milite depuis longtemps pour une meilleure prise en compte de la santé mentale dans le monde du sport. Malgré la polémique, elle n’est pas revenue sur ses propos visant Riley Gaines.

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