Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, janvier 22
Bulletin

ARTE.TV – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

C’est une passion qui vire à l’obsession. Ken Burns propose encore une série historique sur la Civil War – la guerre de Sécession. Un traumatisme historique dont les Etats-Unis célèbrent cette année les 160 ans. Donald Trump, lointain successeur d’Abraham Lincoln (1809-1865), sait de quoi il retourne depuis un certain 6 janvier 2021, où ses partisans prirent d’assaut le Capitole, parfois vêtus du drapeau sudiste…

Premières photos de guerre montrant les cadavres sur les champs de bataille, visages en gros plans, intervenants décryptant les complexités et la modernité du conflit… Le réalisateur américain est passé maître dans l’art de mêler documents d’archives inédits, entretiens passionnants et suivi au plus près de destins individuels plongés dans la tourmente de l’histoire.

Sa nouvelle série commence par le commencement : la rivalité entre les Etats du Nord, en pleine révolution industrielle, et ceux du Sud, ancrés dans leur tradition cotonnière. Un clivage qui met en péril l’Union fondée en 1787 à l’issue de la guerre d’indépendance, exacerbé par la question de l’esclavage.

L’esclavage en ligne rouge

En novembre 1860, Abraham Lincoln est élu de justesse seizième président des Etats-Unis. Cet avocat, élu de l’Illinois, s’est déclaré abolitionniste dès 1837. Soucieux de préserver coûte que coûte l’unité du pays – et conscient que le prolétariat du Nord n’est guère enclin à voir arriver en masse des Noirs sous-payés dans leurs usines… –, il ne fait pas de l’abolition pure et simple de l’esclavage une priorité absolue.

Cela n’empêchera pas onze Etats sudistes de se coaliser pour former les Etats confédérés d’Amérique et de faire sécession en 1861. La guerre éclate le 12 avril, entre l’Union, qui compte 22 millions d’habitants dans 23 Etats, et le Sud (9 millions, dont 3,7 millions d’esclaves). Elle fera plus de victimes américaines que l’ensemble des guerres du XXe siècle…

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les Etats-Unis se déchirent encore autour de la guerre de Sécession

Ken Burns déroule les quatre longues et sanglantes années qui vont suivre. Avec toutes les révolutions, militaires, politiques, sociétales, que cette première guerre « industrielle » va générer. Une véritable répétition générale de la Grande Guerre de 1914-1918 en Europe.

Le deuxième épisode raconte cette naissance de la guerre moderne. Les deux suivants relatent l’irrésistible montée en puissance du général sudiste Robert E. Lee. Cet « aristocrate élégant et impénétrable, qui désapprouvait la sécession et l’esclavage », dit le commentaire, remporte, en 1862 et 1863, d’éclatantes victoires. La réélection de Lincoln en 1864 (épisode 6) se fait dans un climat de violente contestation de la conscription générale (à laquelle échappent souvent les fils de riches).

Le 13e amendement

Le président fait cette fois de l’esclavage une ligne rouge, dans ce qu’il nomme une « guerre de la renaissance de la liberté ». Il prépare le 13e amendement à la Constitution pour l’abolir, qui sera voté juste avant la victoire militaire. Il s’agit aussi de dissuader les Etats européens – au premier rang desquels le royaume d’Angleterre, premier client des cotonniers sudistes – de donner à la Confédération cette reconnaissance d’Etat à part entière que son président, Jefferson Davis, installé à Richmond (Virginie), ne parvient pas à obtenir.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Lincoln » : Abraham Lincoln, la légende faite homme

Parmi les figures de ce conflit, plusieurs personnages incarnent la modernité en marche, pour le meilleur ou pour le pire, ainsi que le souligne l’historien Shelby Foote (1916-2005), auteur de The Civil War : A Narrative ( (« la guerre de Sécession : un récit », Random House, 1958-1974, non traduit) : « La guerre civile a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, en bien ou en mal. » Ainsi de William T. Sherman, « peut-être le premier général moderne [en ce qu’il a] délibérément ciblé les civils », dit l’écrivain. Sherman restera dans l’histoire comme l’ordonnateur du fameux incendie d’Atlanta, qui inspirera l’une des scènes les plus spectaculaires du film Autant en emporte le vent, en 1939.

Lire aussi | 14-18 : la guerre de sécession, répétition générale de la guerre totale

Avant la chronique des derniers soubresauts du conflit (épisode 7) – de la reddition de Lee à Appomattox le 9 avril 1865 après sa défaite face à Ulysses Grant, le général en chef nordiste, à l’assassinat de Lincoln cinq jours plus tard à Washington –, Ken Burns fait un détour (épisode 6) par une autre révolution amorcée alors : la place des femmes dans l’effort de guerre. Là encore, quelques portraits savoureux, comme celui de « Dragon Dix », surnom de l’impitoyable surveillante en chef des infirmières nordistes Dorothea Dix. Un début d’émancipation que l’on retrouvera en France lors de la première guerre mondiale, cinquante ans plus tard.

La guerre de Sécession (1861-1865), série documentaire de Ken Burns (UE, 2023, 7 × 52 min). Disponible jusqu’au 29 juin.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.